Christophe Marguet Quartet : Echoes of Time
Mélodie en sous-sol / L’Autre Distribution
« Happy Hours », avec Yoann Loustalot, Julien Touéry et Hélène Labarrière, m’avait déjà collé à l’oreille des semaines après sa sortie. « Pronto » avec le sax Daniel Erdmann, Bruno Angélini et la même Hélène m’est apparu indispensable après avoir vu le quartet (où Géraldine Laurent remplaçait Erdmann) au bucolique Festival de Querbes. Et vlan ! Voilà que le batteur nous en remet plein les oreilles avec « Echoes of Time » ! Dans les cordes ! Aux côtés de la fidèle Hélène à la contrebasse, deux autres cordes, celles de Manu Codja et celles poussées par l’électronique de Régis Huby au violon ténor. Pas de souffleur donc, mais un tricot de cordes original et dévastateur. Ça débute avec « L’Immensité » sur une nappe de cordes qui évoque comme un paysage, les cymbales s’immisçant en douceur dans le climat léger et paisible. Et puis « Vibrations » pousse le tempo : batterie et contrebasse créent le terrain de jeu aux résonances de Manu Codja et aux effets électroniques de Régis Huby. Survient « Thérapie », de choc, dirons-nous, de rock aussi avec un côté dansant qui vous emporte, le genre de tempo qui vous bouscule sur des cordes en folie, obsédant et addictif.
On se pose ensuite sur « Tango » et le jeu de balais en souplesse de Christophe Marguet. Laissées seules quelques instants pour un exercice d’« En équilibre », les cordes sont rejointes par les coups de balais/de ballet : se développe alors un envol sonore qui se brise sur de doux pizzicati du violon. Au mitan des sonorités électriques, « Entre les jours » débute sur un doux solo d’Hélène Labarrière. Avec « Magic Box », le groove intense des cordes et la frappe sèche de la batterie nous emmènent sur le territoire de l’école de Canterbury, déjantée et free. Vous l’aurez compris, voici une formation qui s’encanaille dans les entrailles du jazz vibrant et engagé, dans le beat d’un rock subtil, dans les effluves poétiques d’une ambiance cinématographique, dans la création d’un son original porté par des cordes pleines d’invention. Dans le texte de pochette, Christophe Marguet s’interroge sur l’intérêt à encore sortir des disques, le zapping des playlists tuant la profondeur de l’écoute : son disque prouve que tout espoir n’est pas perdu. Rassurant.