Clément Nourry : Amor

Clément Nourry : Amor

Capitane Records

Lorsque je l’ai rencontré à Gand au mois de septembre et que je lui ai demandé quelles étaient ses principales sources d’inspiration, Clément Nourry m’a cité pêle-mêle Duke Ellington, Tom Waits et John Lee Hooker. Mais lorsque l’on dépose ce disque sur la platine, le premier guitariste qui nous vient à l’esprit, de façon inattendue, c’est Gilmour, tant il y a une approche « Shine on you Grazy Diamond » dans les ondulations de ce « Serpent » qui ouvre « Amor ». Très vite, on quitte cet univers-là pour pénétrer dans une nouvelle dimension, celle d’un musicien qui préfère les plats crus aux symphonies imposantes. Pas de chichi chez Nourry ! D’abord, cet album, il l’a conçu tout seul. Il s’agit bien d’un face à face entre l’homme et sa guitare (électrique), un dispositif qu’il pourra recréer sur scène sans devoir faire appel à un ou plusieurs complices. En poursuivant l’écoute de cet album, on voyagera en effet en terrain conquis par « Tom Waits » (« Fumée du crépuscule ») mais plus certainement encore sur les traces d’un « Paris Texas » hanté par la six cordes de Ry Cooder dont il avait oublié de me citer le nom. La pochette elle-même, dont on doit l’artwork à Margot Degert, évoque les paysages désertiques dont s’est inspiré Cooder pour élaborer la B.O. de Wenders.

Sans fioritures inutiles et loin des travaux (d’intérêt culturel général) qu’il nous offre brillamment avec son trio Under The Reef Orchestra ou au sein de l’ensemble Yôkaï, cet excellent guitariste nous invite ici à découvrir la quintessence de son univers. Un univers sombre, un peu mélancolique, nocturne… Beau !

Yves Tassin