Convergence & Florian Arbenz, Convergence
Voici un vrai sextet international : deux Suisses, deux musiciens d’origine cubaine, un musicien d’origine brésilienne et un Britannique. A la batterie, le maître d’œuvre du projet : le Suisse Florian Arbenz. Né à Bâle en 1975, il a formé, avec son frère Michael au piano et Thomas Lähns à la contrebasse, le “Swiss Trio VEIN”, qui a déjà croisé Greg Osby, David Liebman et le Norbotten Big Band dirigé par le Suédois Joakim Milder (album Symphonic Bop, chroniqué sur jazz’halo). L’autre musicien d’origine suisse est le bassiste Rafael Jerjen, membre du Tricept Trio.
Côté solistes, du beau monde. A la trompette, Jorge Vistel. Né à Santiago de Cuba, il a pris des leçons avec Wynton Marsalis et Nicholas Payton. En 2005, il a gagné l’Europe où il a formé un quartet avec le pianiste Sam Harris (album Ossain) et un groupe avec le pianiste hollandais Edgar Van Hasselt (Tierra a la vista, avec son frère Maikel au ténor, comme sur l’album Evolution). Né en 1983, lui aussi à Santiago de Cuba, Maikel Vistel a notamment enregistré First Takes, avec Billy Hart. Côté harmonique, pas de piano, mais un dialogue constant et très inventif entre vibraphone et guitare. Vibraphoniste mais aussi batteur, le Britannique Jim Hart a formé le Cloudmakers Trio (Abstract Four) et le Cloudmakers Five (Travelling Pulse). Il a aussi enregistré avec le saxophoniste scandinave Marius Neset (Circle of chimes) et au sein du Velvet Revolution Trio, rassemblant l’Allemand Daniel Erdmann (ts), le Français Théo Ceccaldi (violon) et Jim Hart (A short moment of zero G, sur le dynamique label hongrois BMC). Enfin, à la guitare, Nelson Veras, le Brésilien qui, arrivé en France à 14 ans, a croisé la crème du jazz européen (Aldo Romano, Stefano Di Battista, Airelle Besson, Stéphane Galland, Aka Moon, Octurn et Félix Zurstrassen) mais aussi l’Américain Steve Coleman.
Au répertoire, huit compositions originales : deux de Jorge Vistel, quatre de son frère Maikel et deux de Florian Arbenz. Des compositions certes d’inspirations différentes mais qui forment un tout cohérent et original. Un jazz résolument contemporain, marqué par certaines influences M’Base, notamment au travers du jeu “carré” d’Arbenz. A la trompette, Jorge Vistel fait preuve d’une exubérance qui illustre ses origines cubaines. Il fait penser à Adam O’Farrill entendu dernièrement, notamment à l’An Vert, avec le Random House de Thomas Champagne et Guillaume Vierset. Une sonorité tranchante et explosive sur un tempo nerveux (Little idea, Fast lane, Sound, Strong Steps ou Edificio 17) comme sur rythme plus apaisé (Traslación, Ambar, Nocturne). En Maikel, il trouve le complice idéal : sonorité pleine et chaude du ténor, volubile sur tous les registres. Mais ils ne sont pas les seuls solistes. Jim Hart, qui évoque le Bobby Hutcherson de la meilleure période et Nelson Veras, qui allie vélocité de jeu et sonorité très personnelle, s’illustrent à tour de rôle. Beau dialogue vibraphone-guitare sur Little idea, intro de vibraphone sur Traslacion et Fast lane, intro guitare-vibraphone sur Ambar. Sous l’impulsion de la batterie, la contrebasse est aussi mise à l’honneur (intro de Nocturne).
Un sextet d’une grande homogénéité et au langage personnel. A découvrir.
Claude Loxhay