DAAU Spielt DAAU

DAAU Spielt DAAU

Die Anarchistische Abendunterhaltung, Hineininterpretierung

DAAU Spielt DAAU

WASTE MY RECORDS

 Il y a donc vingt-cinq ans, quatre jeunes « punks de l’archet » donnaient naissance à l’un des groupes les plus inventifs de la (fameuse) scène anversoise : Die Anarchistische Abendunterhaltung, un nom choisi en référence au roman « Le loup des steppes » de l’auteur suisse nobelisé Hermann Hesse (nous nous permettrons à présent d’utiliser l’acronyme DAAU).

Profitant de l’éclairage … providentiel que le succès planétaire de dEUS projetait sur leur ville, une belle poignée de musiciens sortiront de l’anonymat des caves anversoises pour obtenir eux aussi un peu de gloire bien méritée. Des noms ? Outre DAAU, rappelons que Zita Swoon, Moondog jr, Novastar, Dead Man Ray, Kiss my Jazz et tant d’autres proviennent, eux-aussi de la ville portuaire.

Il y a donc vingt-cinq ans, une animatrice aux idées larges et qui aimait tant prononcer – avec un talent naturel qui frisait le mépris – le nom des groupes les plus imprononçables qu’elle programmait, nous faisait découvrir DAAU (à prononcer cette fois au complet, avec un accent allemand irréprochable), de jeunes pousses dont la musique oscillait entre le classique de bonne instruction et une violence punk maîtrisée. Merci encore à Tyan et à ses « cent minutes par-delà » qui ont abreuvé nos soirées de révélations et de poésie. A propos, qu’est-t-elle devenue ? Depuis sa disparition des antennes (pour cause de « formatage des radios publiques », on croit cauchemarder…) nos radars n’ont plus accroché la moindre trace de cette fée des ondes… Bon Dieu, Tyan, si tu savais à quel point ta pertinence nous manque !

Il y a donc vingt-cinq ans DAAU… Et aujourd’hui ? Depuis le départ de sa section « cordes » (les frères Lenski), la musique de DAAU a évolué. Moins radicale et à présent soutenue par une nouvelle section rythmique (dont un batteur), la formation actuelle s’ouvre de nouvelles perspectives « pop » plutôt charmeuses. Le quartet a confié à Rudy « ex-dEUS » Trouvé la mission de sélectionner une poignée de titres parmi le répertoire éclectique du groupe et de les réenregistrer au goût du jour, dans le line up existant (d’où le sous-titre « DAAU Spielt DAAU »). Pour un résultat abouti.

Plutôt qu’une anthologie, « Hineininterpretierung » doit être considéré comme un nouvel album à part entière de DAAU, mieux même, comme une renaissance. Les vingt plages que contient le cédé englobent toutes les sources d’inspiration qui ont alimenté l’originalité d’un groupe davantage attiré par les petits chemins chaotiques que par les autoroutes au longs tracés monotones. « Hineininterpretierung » est une œuvre complète et plurielle où se croisent – un peu comme à Anvers – une multitude de cultures différentes : le jazz-rock (« Waltz Delire »), un reggae surgi d’une autre planète (« Rain Song »), une touche électro (« Red »), le tango chaloupé de Nino Rota (« Drieslagstelsel I ») et même un hommage appuyé à l’univers décalé des allemands d’Einstürzende Neubauten (« Dip ‘n Dodge »). Ce travail multi-facettes nous sera proposé sur quelques scènes dans les mois à venir… et on s’en réjouit déjà !

Joseph « YT » Boulier

DAAU sur les scènes : le 4 mai au Reflektor de Liège, le 12 mai à Anvers (De Studio), le 25 mai à Utrecht, puis en festival (Gand le le 15 juillet et Dranouter le 4 août).