Daïda : La Passion du Cri
Daïda n’est pas le cri de ralliement à une mouvance dadaïste, il traduit davantage l’exhortation d’un dada jubilatoire. En l’occurrence celui de jouer de la musique et d’y prendre plaisir. Daïda c’est aussi un combo français qui gravite autour du truculent batteur Vincent Tortiller, lequel officie parmi moult projets, que ce soit avec François Corneloup, Yves Rousseau ou encore Guillaume Perret. Il est également aux côtés de Benjamin Paul au sein de Monomite qui a récemment publié un album sur le même label parisien Jazztronicz. Si le disque s’affiche comme un triptyque, il se profile en réalité comme une œuvre continue et relativement homogène. La rythmique de Tortiller y est implacable, souveraine, claquante et se conjugue à l’impératif avec la contrebasse virile de Samuel F’hima. Les guitares d’Antonin Fresson, tantôt égrenées, tantôt électriques à l’envi, confèrent aux compositions une patine groove irrésistible tandis que la trompette d’Arno de Casanove leur insuffle une dimension spatiale. On sent l’influence du Miles des années 70 quoique que les tempos soient ici davantage soutenus. En ce qui les concerne, les membres de Daïda se réclament de l’influence du trompettiste Christian Scott, du compositeur japonais Joe Hisaishi mais aussi de Radiohead… Influences éclectiques s’il en est, qui nourrissent vraisemblablement la richesse de leur musique. Ce premier album carte de visite est une petite bombe. Elle se pose en lieu clos ou public selon les humeurs du moment et se laisse déflagrer sans crier gare.