Dal Sasso Big Band : Chick Corea’s Three Quartets Revisited
Créé au début des années 80, le quartet de Chick Corea avec Eddie Gomez, Steve Gadd et Michael Brecker était voulu par le pianiste comme une re-création du quatuor classique, mais en version jazz, deux des trois quartets étant dédiés à Duke Ellington et John Coltrane. Chick Corea poursuivit les concerts des « Three Quartets » en formule trio avec John Patitucci et Dave Weckl, une formule trio qui lors des concerts débutait par une explication pleine d’humour du pianiste. Avec Christophe Dal Sasso, on passe à la dimension supérieure, celle du Big Band où le rôle de Michael Brecker est tenu par pas moins de trois saxophonistes et non des moindres : David El-Malek, Stéphane Guillaume et Rick Margitza. Quant au big band en lui-même, il recèle quelques-unes des pointures du jazz français comme Pierre de Bethmann, étincelant sur « Slippery When Wet », Thomas Savy, Nicolas Folmer ou Denis Leloup. Dès les premiers envols de cette musique, on est soulevé par la nouvelle lecture orchestrale que donne Dal Sasso : on en oublierait presque qu’il s’agit de la musique de Chick Corea – dois-je m’en excuser ? S’agit-il d’un péché de lèse-majesté ? C’est tout simplement l’effet que m’a fait l’écoute de ce disque dont les arrangements balancent entre énergie et lyrisme. Ce superbe enregistrement n’a rien d’un « hommage », mais recrée réellement la musique de Corea en l’enrobant de couleurs divines, d’un tissu de soie par moments (« Folk Song »), d’envolées saignantes souvent. Et puis, il y a en clôture « Tones For Joan’s Bones », du premier album de Chick, une pièce plutôt oubliée à l’arrangement chatoyant. La musique de Chick Corea comme on ne l’a jamais entendue, et c’est vraiment une réussite.