Daniele Esposito : Per altri motivi
Tenir sur toute la durée d’un album avec une contrebasse pour seul renfort peut se révéler un exercice ardu, voire relever de la gageure. Le contrebassiste Daniel Esposito relève le défi. Non pas qu’il ait été le seul, quelques-uns (Mark Dresser, Dave Holland, Barry Guy, Gary Peacock… pour ne citer qu’une poignée d’exemples emblématiques) s’y sont collés avec plus ou moins de bonheur avant lui. Esposito aligne une grosse dizaine de pièces sur ce disque 100% solo. En ouverture, « This Is Not a Love Song » – ce n’est pas une reprise de P.I.L. ! – donne le ton. Son jeu s’annonce souple, ductile, subtil. Les compositions qui suivent étonnent par leur qualité lyrique, ainsi « Les yeux de ma mère » (ce n’est pas une reprise d’Arno) et « Ninna nanna per Delphine ». Ou encore ce chavirant « Memories From a Family Portrait » qui apporte un démenti sonnant à la croyance répandue selon laquelle la basse n’aurait vocation qu’à être un instrument d’accompagnement. D’autres morceaux séduisent par leur sens de l’ellipse, comme ce vivifiant « Tinguely’s Safari de la Mort Moscovite » ou « The Mermaid of the Drowned Migrants » en clôture où Esposito esquisse un sifflotement discret à la mesure de la gravité du thème. « Per altri motivi » a été enregistré à Bruxelles sur le label Hypnote. Ce n’est peut-être pas un hasard quand on sait que son fondateur, Giuseppe Millaci, est également un contrebassiste chevronné, d’origine italienne lui aussi. Le disque devrait plaire à ceux et celles que la contrebasse n’a jamais laissés indifférents.