David Linx, 7000 miles
Publié par Philippe Schoonbrood le 17 mai 2018
David Linx , 7000 miles
David Linx tient une place à part dans le jazz vocal parce qu’il considère la voix comme un instrument à part entière. Il a enregistré une longue liste d’albums avec son compère Diederik Wissels, en compagnie de qui il a croisé nombre d’invités, de Paolo Fresu (Heartland,The Wistleblowers) à Maria Joao (Follow The Songlines, Porgy and Bess), en passant par Fabrizio Cassol (Bandarkah), le saxophoniste Tore Brunborg (This Time), Manu Codjia (Winds Of Change) ou les chanteuses Fay Claassen et Maria Pia De Vito (One Heart Three Voices). Il a aussi croisé la route de l’organiste Rhoda Scott (Rock My Boat) et celle du Brussels Jazz Orchestra (Changing Faces, Porgy and Bess), avec lequel il a chanté Brel. Il a aussi donné une version très personnelle de succès rock/pop, de John Lennon à Sting ou Bono (Is That Pop Music ? du guitariste français David Chevallier, avec Christophe Monniot aux saxophones et Yves Robert au trombone). Il a également chanté Claude Nougaro : après avoir participé à l’ultime album du Toulousain, “La Note bleue”, il a enregistré, avec le trio d’André Ceccarelli, ‘Le Coq et la pendule’ puis ‘A NOUsGaro’.
Il retrouve ici ce trio : André Ceccarelli à la batterie, Pierre-Alain Goualch au piano et Fender Rhodes (celui-ci a enregistré plusieurs disques en trio, notamment Exploring The Music of Serge Ginsbourg) et Diego Imbert à la contrebasse (il a, entre autres, gravé plusieurs albums avec Enrico Pieranunzi). Voici donc une formule voix + piano-trio qui est souvent celle de la grande tradition du jazz vocal, depuis Nat King Cole. Mais, comme il l’expliquait lors d’une interview accordée après un concert “Brel” à Flagey, alors qu’on assiste à un retour en force des crooners, David Linx veut garder le cap de l’inventivité et du renouveau, même si cela n’est pas évident face à cette déferlante anglo-saxonne. Ainsi même lorsqu’il reprend Night and Day de Cole Porter, on retrouve son phrasé si particulier, sa voix ondoyante, son sens du scat et de l’improvisation vocale, comme sur les autres titres de l’album. Au répertoire, à côté de ce Night and Day, de Poses du chanteur americano-canadien Rufus Wainwright (Juno Awards 2002) et Sitting On The Dock Of The Bay d’Otis Reding, Linx propose six textes originaux sur des musiques de Diego Imbert, Pierre-Alain Goualch, Daniel Goyone, Ivan Lins ou R. Sakamoto. parmi lesquels 7000 miles (“7000 miles from afar I see East and West on trial”), America (“Here is a dreamland I dream up”) ou ce Distortions, interprété sous forme de “spoken words” avec Goualch au Fender Rhodes (“Distorted visions of sociaty’s wasteland”). Une écriture marquée par un sens inné du rythme. Quel que soit le texte, David Linx reste lui-même, en phase avec un trio de rêve.
Claude Loxhay