Deux envolées à Tokyo

Deux envolées à Tokyo

Satoko Fujii Tokyo Trio
Dream a Dream
Libra Records

Les déclinaisons sous lesquelles apparaît Satoko Fujii sont plurielles. Nous vous avions parlé de son quartet, de son duo avec son conjoint Natsuki Tamura, de son Trio San mais également de son Tokyo Trio à l’occasion de l’album « Jet Black » sorti au printemps dernier. C’est d’abord avec cette dernière formule que la pianiste tokyoïte nous revient. Contrairement aux deux albums précédents captés live, « Dream a Dream » a été enregistré à Paris, au Studio Sextan à Malakoff qui, pour la petite histoire, occupe les lieux de l’ancienne fonderie où Rodin fit fondre son Penseur. Entre le live et le studio, la nuance n’est pas que cosmétique. La qualité de l’enregistrement permet de révéler aux mieux les articulations des phrasés de Satako et de son bassiste Takashi Sugawa mais également toutes les subtilités de la rythmique du batteur Ittetsu Takemura. Ces cinq nouvelles compositions – à nouveau toutes écrites par Satoko – avaient été présentées au Moers festival en mai 2024 (l’avant-veille de l’enregistrement) où le trio les avait interprétées en plein air. A les réécouter à tête reposée sur disque, la perception est toute autre tant on se plaît à en savourer les tonalités. Pour autant, l’énoncé demeure identique, se situant sur la ligne ténue entre musique écrite et improvisation.

Satoko Fujii GEN
Altitude 1100 Meters
Libra Records

Avec GEN, Satoko s’est essayée, pour la première fois, à l’écriture de compositions pour cordes. D’où le nom de ce nouveau projet, GEN signifiant « corde » en japonais. Pour ce faire, elle s’est entourée de deux violonistes, d’une altiste, d’un bassiste et d’un batteur. « Altitude 1100 Meters » fait référence au lieu de villégiature sur les hauteurs de Nagano où elle séjourna durant l’été 2023 à l’occasion de son soixante-cinquième anniversaire. Chacune des cinq compositions renvoie à un moment particulier de la journée, de l’aube au crépuscule. Fujii se défend pourtant d’avoir voulu illustrer musicalement le paysage à ces différents moments. C’est avant tout, confesse-t-elle, les particularités de l’air d’altitude, et ce qu’elles ont fait ressentir en son for intérieur, qu’elle a cherché à retranscrire dans ces pièces d’une très grande délicatesse. Un disque qui confirme les qualités de compositrice de la pianiste, mais qui dévoile aussi des sonorités et tempérances que l’on ne lui connaissait pas.

Eric Therer