Dewa Budjana : Naurora

Dewa Budjana : Naurora

MoonJune Records

Dewa Budjana, guitariste indonésien de 58 ans, est une star dans son pays. Avec son groupe rock Gigi, il a sorti une vingtaine d’albums depuis 1994, en écoulant plusieurs centaines de milliers à chaque reprise. Parallèlement à son activité de groupe, Budjana a initié en 1997 une carrière solo. « Naurora » est son 11ème album personnel et son 8ème pour le label new-yorkais MoonJune Records. Et, comme pour ses derniers enregistrements, Dewa Budjana propose une musique bien dans la tradition de sa maison de disques : ce « Naurora », 5 longues compositions originales, essentiellement instrumentales, avec une approche mêlant jazz-rock (certains passages peuvent évoquer Return to Forever ou Allan Holdsworth), rock progressif et avant-garde, avec une guitare électrique dominante. La musique de Budjana est le plus souvent très énergique, avec des passages plus calmes inspirés par ses origines asiatiques, le tout avec une volonté de maintenir une mélodie forte. Comme pour chaque album, il est entouré de fameux instrumentistes. Sur le titre éponyme qui ouvre cet opus, le bassiste cubain Carlitos Del Puerto et le pianiste prodige indonésien Joey Alexander (18 ans, leader de son groupe depuis 2015. Je l’ai vu en trio piano-basse-batterie en 2016 : bluffant !) démontrent que ce genre musical n’est pas dénué de sensibilité, avec la chanteuse malaisienne Imee Ooi apportant quelques vocalises qui peuvent faire penser à certains passages du Pat Metheny Group. Sur d’autres titres, on peut entendre les batteurs Dave Weckl (surtout connu pour son travail avec Chick Corea) ou Simon Phillips (ex-membre du groupe rock Toto), le claviériste Gary Husband (également excellent batteur, entendu, entre autres, auprès de John McLaughlin, Allan Holdsworth ou Stick Men) ou encore le saxophoniste soprano Paul McCandless, membre de Oregon. Ce qui est le plus remarquable avec cet album conçu en pleine pandémie, c’est que chacun des musiciens a enregistré sa partition de son côté, Budjana assemblant ce puzzle et proposant ce très bel ouvrage qui fait davantage penser à des prestations live en studio. Brillant. Définitivement un des albums forts de 2021.

Sergio Liberati