Divers : 50 ans Centre Henri Pousseur
Créé en 1970 par feu Henri Pousseur et Pierre Bartholomée, le Centre de Recherches musicales de Wallonie – renommé Centre Henri Pousseur en 2010 – se définit comme une plateforme œuvrant dans le domaine de la « musique mixte ». Cette appellation se comprend ici comme celle d’une interface entre les musiques classiques contemporaines acoustiques et leur traitement par des voies et moyens électroniques. Pour célébrer son cinquantième anniversaire, il propose ce double disque reprenant huit compositeurs qui ont été, à un moment ou à un autre, associés à ses activités. Le disque aurait dû sortir initialement en 2020, sa parution ayant été quelque peu retardée pour cause de covid. Il a finalement été présenté le 10 mai dernier dans le cadre du festival Images Sonores, et plus particulièrement à l’occasion de l’exécution de la nouvelle pièce du compositeur Jean-Pierre Deleuze : « Sononces de l’an levant » basée sur l’étude comparée du spectre de cloches japonaises. Lui précède, en ouverture de l’album, la composition « La rueda » pour violon, piano et électronique, construite en cinq mouvements sur l’idée de circularité signée par l’Argentin Martin Matalon.
Plus loin, on découvre le travail très original de la jeune compositrice Gaëlle Hyernaux dont la particularité tient dans l’emploi d’une guitare à cordes de nylon qui sonne parfois comme de l’électronique. Celui de Daan Janssens aussi : une longue pièce qui joue et se joue de la résonance des cordes du piano, auxquels répondent des fragments électroniques erratiques.
Le deuxième disque met à l’honneur Pousseur lui-même avec son « Ex Dei Machinam Memoriam », écrit pour le hautboïste néerlandais Evert van Tright : deux partitions, l’une ouverte, l’autre fixe, s’entrecroisent et se répondent. Lui succède un hommage à Jonathan Harvey écrit pour violon par Luc Brewaeys et une composition, pour alto, de la Japonaise Malika Kishino (« RA »). Le disque se clôt sur une « Lettre Soufie » (« Ain (Maintenant) ») de Jean-Luc Fafchamps qui s’inscrit dans son cycle des « Lettres Soufies » entamé en 2000.
Au final, cet album, généreux en durée (plus de deux heures) et remarquablement produit, apparaît à la fois comme un hommage rétrospectif à Henri Pousseur, mais davantage encore comme un témoignage de la vitalité de son œuvre qui se perpétue à travers le temps et au travers du travail de jeunes compositeurs et compositrices qui ne cessent d’y retourner pour s’en inspirer.