Divers : The Boxer, The Bluesman, The Jazzman ‐ Boxing In,  African-American Music, 1921-1962

Divers : The Boxer, The Bluesman, The Jazzman ‐ Boxing In, African-American Music, 1921-1962

Frémeaux et Associés ‐ Références catalogue : FA 5800

Un coffret de 2 Cds (48 faces) consacré aux nombreuses relations, parfois inattendues, entre des boxeurs africains-américains, le gospel et le blues comme le jazz. Dès qu’elles leur furent accessibles, malgré la méprisable ségrégation raciale qui ostracisait les communautés noires, les disciplines sportives ont abondamment recruté dans ces communautés car c’était un moyen d’échapper à la misère, aux travaux de la terre ou dans les usines. Un débouché pour faire une carrière plus ou moins lucrative, parfois en attendant mieux, et hors l’athlétisme, c’est la boxe qui fut la plus attractive, que ce soit en amateur (sport de défense) ou en professionnel.

Le premier album rassemble des composition et hommages appuyés de musiciens eux-mêmes souvent très populaires, dédiés à des boxeurs professionnels dont la notoriété était au sommet.
Ainsi Joe Louis, une idole hors norme dans les communautés noires parce qu’il était un grand champion, gagnait tous ses combats et mettait des blancs K.O., ce qui restaurait fierté et estime de soi parmi les membres de la minorité opprimée. De nombreux enregistrements lui sont consacrés et repris ici. Ainsi, en août 1935, un duo de bluesmen de San Antonio, Texas, Joe Pullum(vo) et Andy Boy (p) gravent « Joe Louis Is the Man » et quelques jours plus tard, à Chicago, Memphis Minnie (gt, vo) et Black Bob (p) signent « He’s in the Ring (Doing that Same Old Thing) » tandis qu’en juillet 1939, Sonny Boy Williamson (n°1) (vo, hca), Big Bill Broonzy (gt) et Walter Davis (p) ajoutent leur témoignage avec « Joe Louis and John Henry ». Le monde du jazz n’est pas en reste avec le Count Basie Band en octobre 1941, avec Paul Robeson (vo) et King Joe (« The Joe Louis Blues ») et même Cab Calloway et ses Cab Jivers s’y mettent avec « Ol’ Joe Louis » en août 1949 à Chicago. Cerise sur le gâteau, Joe Louis lui-même est, avec M. Horton, à la composition du très explicite « You Can Run but You Can’t Hide » chanté par Solomon Burke en 1956. Le gospel apporte lui aussi sa pierre à l’édifice avec les Dixiaires qui gravent « Joe Louis Is a Fightin’ Man » en mai 1950….. D’autres grands champions ont aussi été louangés comme Sugar Ray Robinson qui avait ouvert le Sugar’s Ray Café à Harlem, y fut un tap-dancer et tourna avec Ruth Brown. Il chante « Knock Him down Whiskey » avec Earl Hines et son orchestre en août 1953 à New York et il est le sujet de « Sugar Ray » en novembre 1958 avec Roy Haynes (dm), Phineas Newborn (p) et Paul Chambers (b), après avoir été chanté l’année précédente à Detroit, par le bluesman Baby Boy Warren avec Sonny Boy Williamson 2 (hca) et Washboard Willie (dm) dans « Baby Boy Blues ». La liste n’est pas close, avec Harry Wills, Jack Johnson, Tiger Flowers, au début du 20è s. etc.

Le 2è album fait la part belle à une petite partie de tous ceux – et ils sont très nombreux – qui ont pratiqué la boxe pendant des durées plus ou moins longues, pour tout un panel de raisons (acquérir une hygiène de vie, un sens du rythme, un contrôle de soi, une technique d’auto-défense, etc.). Ce fut le cas d’Otis Spann ici avec « It Must Have Been the Devil », Johnny Copeland avec « Rock And Roll Lilly », R.C. Smith avec « Don’t Drive Me Away » ou Champion Jack Dupree avec « Sporting Life Blues ». Mais aussi Bukka White, Willie Dixon, Bo Diddley, Chuck Berry, Jimmy McCracklin, Screaming Jay Hawkins , Eddie Bo et des centaines d’autres avant qu’ils n’aient l’opportunité de faire de brillantes carrières dans le show business à tous les niveaux, comme Berry Gordy (Motown) et consorts. Outre les musiciens cités ci-dessus, sont représentés dans cet album Marie Knight qui chante « Say a Little Prayer » en duo avec le boxeur Jersey Joe Walcott, à New York en 1951 mais aussi Wild Bill Moore, Roy Brown, Jimmy Liggins, Bobby Nunn, Sam Griggs, Jackie Wilson, Lee Dorsey, Roy Hammond, James Brown, Kenny Dorham, Red Garland, Johnny Lyttle, etc. : rien que du beau monde, sur les pieds desquels il valait mieux ne pas marcher !

Aucune compilation de ce type, sur ce concept, n’avait encore été faite, son intérêt est considérable et elle est fortement recommandée.

Robert Sacre