Duerinckx-Damien, Dry Wet
Jean-Jacques Duerinckx – Anatole Damien,
Dry Wet
Jean-Jacques Duerinckx joue presqu’exclusivement le difficile sax sopranino sous toutes ses coutures avec ou sans bec en explorant le son, les effets de timbre, la percussion des clés, la compression de l’air, le souffle à l’état brut, la valorisation du silence de manière détaillée et peu prévisible. On peut frôler le “Après la cassette Serpentes » du trio avec le guitariste John Russell et le violoncelliste Matthieu Safatly (Weekertoft), Dry Wet est son deuxième enregistrement et celui qui, sans doute, trace son portrait musical. Il a trouvé dans le guitariste Anatole Damien, un complice au même diapason, celui de la recherche sonore qui intègre le bruitisme dans une démarche musicale organique, traces phoniques d’une écoute alternative. La guitare électrique mise à plat sur une table est mise en réseau avec une kyrielle de pédales et d’effets électroniques et est pensée comme source sonore/objet amplifié manipulé aux moyens d’objets frottés contre les cordes, le duo transitant d’une zone neutre jouée du bout des doigts à des échanges chargés d’intensités où la dynamique est toujours présente. Tout l’intérêt réside dans l’imaginaire déployé et l’inventivité des deux improvisateurs dans leur univers propre coexistant dans un dialogue peu prévisible, mais tissé par une belle évidence. Tree Action/Action Tree (12 :03) est à cet égard exemplaire. Passant du bruissement introspectif à une effusion lyrique lunaire aux intervalles écartelés, JJ Duerinckx a acquis un style très personnel que l’invention sonore d’Anatole Damien bonifie. Jean-Jacques et Anatole d’au moins 25 ans son cadet sont deux activistes incontournables de la scène bruxelloise appelés à briller sur la scène internationale. Et “Dry Wet” en est une parfaite démonstration.
Jean-Michel Van Schouwburg