Dustman Dilemma : Third Sigh

Dustman Dilemma : Third Sigh

L’Etourneur

Je vous le dis tout de suite, ceci est une révélation ! Formé en 2009, le trio caennais nous propose son troisième album et j’avoue ne pas connaître les précédents. Chantée, souvent d’une belle voix grave et dans un anglais impeccable, la musique du trio est vraiment intrigante, innovante… une fameuse claque au final ! Les musiciens se partagent entre claviers de toutes sortes, cuivres tout aussi diversifiés, chant, batterie et accordéon ! A cela on ajoute quelques invités qui introduisent trompette, violon, guitare, basse et d’autres voix. Cette passionnante découverte s’ouvre quelque part entre les Bad Seeds et Einsturzende Neubauten sous calmants ! Un chant d’enfant introduit « The Bunk » que la belle voix du chanteur pousse ensuite dans une étrange mixture évoluant entre l’école de Canterburry et Tom Waits. Ce dernier est aussi dans mes pensées avec la valse/marche « The Pack » qui s’ensuit puis vire à la ritournelle baroque et se transforme en un rock dur progressif. Trame que l’on retrouvera quelque peu au sein de « The Backlight » plus loin dans l’album. La plage suivante est trafiquée, atmosphérique, cela flirte avec le bidouillage, voire le cut up. Arrive un grand moment avec « The Grip » formidable morceau entre rock et psyché, magnifique voix, ambiance Archive, cuivres free en soutien, soupçon de Pere Ubu et montée en puissance phénoménale ! Joué fort et écouté au casque c’est du délire ! On retrouve le calme un peu tendance école de Canterburry, la nonchalance à la Kevin Ayers sur « The Hook ». Chaque chanson est tellement travaillée, diversifiée, qu’on se perd dans les méandres de nombreux styles. Dix lignes seraient nécessaires pour expliquer chaque titre ! S’invitent aussi au festin des éléments de psyché jazz, de l’inquiétude issue de la dark wave, un soupçon d’électronique, du jazz flirtant avec le contemporain à la Magma ou Univers Zero. Comme sur l’instrumental «Swamped ». Quant au final « So & Then » il évoque les Beatles et XTC sur une rythmique à la Laurie Anderson ! Je sais que j’ai nommé beaucoup de monde dans cette chronique mais comment vous décrire autrement Dustman Dilemma ? Le dilemme est là depuis le début, dans leur nom, il faut expliquer ! Franchement j’ai adoré ce disque. Il ressemble à un condensé de tout ce qui est passionnant, de tout ce qui est beau quand on se donne la peine de gratter la surface. De tout ce qui est puissant et fait exploser notre cerveau. De tout ce qui sait secouer nos muscles pour propulser le corps dans une danse incontrôlée mais tellement jouissive. Puis oser le calme. Un grand disque et un groupe dont j’espère vite un concert.

Claudy Jalet