EDGES / Guillaume Vierset : The End of the F***ing World

EDGES / Guillaume Vierset : The End of the F***ing World

Igloo Records

En novembre 2021, le guitariste Guillaume Vierset introduisait son groupe EDGES via un EP digital présentant quatre morceaux courts et denses. Seize mois plus tard, voici l’album complet dont le lever de rideau se fait sur le même titre que celui ouvrant l’EP. « First Round » est propulsé par des riffs de guitare qui explosent dans les enceintes sur une rythmique taillée à la serpe par le bassiste danois Anders Christensen (Jakob Bro) et le batteur Jim Black (Kurt Rosenwinkel, Tim Berne). Réinventant le King Crimson de la fin des années 70, la musique reste obsédante jusqu’à ce qu’elle soit brutalement tranchée à la fin du morceau. Après quelques bruitages sonores faisant la transition avec la plage précédente, « Gloomy » met en place une pulsation organique construite sur une ligne de basse propice à quelques envolées sinueuses de guitare. « Better Call Pam » change de registre : ambiance éthérée, envolées aériennes de six-cordes, glissandos rêveurs, le tout nourri par la frappe dynamique de Jim Black qui stimule et relance constamment la musique. Le dernier titre, « Back », mélodique et riche en détails, renvoie aux compositions lancinantes et nostalgiques que Guillaume Vierset a l’habitude de jouer au sein de son Harvest Group. A partir de là, on pénètre en terra incognita avec six nouvelles compositions.

« Second Round » débute comme une fausse retraite spirituelle avant que la rythmique nerveuse ne s’impose et que la musique turbulente ne parte en vrille dans une envolée free des plus réjouissantes. Dédié à David Bartholomé, le leader de Sharko qu’accompagne Guillaume depuis 4 ans, « Doctor Bartholomé » séduit par ses ambiances soniques où la guitare se mêle aux claviers de Dorian Dumont. Après un « A.C. Blues » distendu et quasi psychédélique, « I Love Triads » va à l’essentiel dans un style de fusion ouverte qu’on pourrait qualifier d’équivalent au rock garage. En finale, le titre éponyme déroule ses vagues cosmiques sur lesquelles vient surfer la voix de David Bartholomé qui psalmodie inlassablement les mêmes mots comme une étrange litanie de la fin des temps.

Une forme d’angoisse suinte de la musique d’EDGES qui reflète de diverses manières le climat grinçant et la confusion existentielle de l’époque, mais sans pour autant que le concept occulte des passages roboratifs et des mélodies qui s’incrustent. En résumé : tout ça est d’une brillante et redoutable efficacité !

EDGES en concert : A l’Ancienne Belgique (Bruxelles), le 17 mai et Festival Jazz à Liège le 25 mai.

Pierre Dulieu