Eishan Ensemble : Project Masnavi
Il y a cette photo, au recto de l’objet, magnifique. Mais en la regardant, on ne sait si on ressent la beauté ou l’angoisse d’une vérité que l’on craint. Sur cette photo, on devine une bande de jeunes adolescents qui se meut dans un décor poussiéreux. Est-ce un jeu ou est-ce un combat ? Ce cliché, on le doit au photographe new-yorkais Hossein Fatemi… Elle reflète la musique de l’Eishan Ensemble, qui ondule entre tristesse et plénitude.
Au fait, l’Eishan Ensemble est un groupe emmené par Hamed Sadeghi, joueur de tar (un instrument dont les sonorités sont proches de celles d’un banjo) à qui on attribue l’ensemble des compositions de cet album. Hamed Sadeghi est né à Téhéran. Il s’est ensuite exilé en Malaisie avant de gagner l’Australie où il a formé l’Eishan Ensemble. Là-bas, il s’est entouré de musiciens de jazz comme le souffleur Michael Avgenicos (alto, ténor). Pour ce troisième album, qui suit « Nim Don » et « Afternoon Tea at Six », l’Eishan Ensemble a obtenu le renfort du batteur Alex Inman-Hislop et de l’accordéoniste Marcello Maio, deux acteurs actifs au sein de la scène jazz de Sidney. Ce dernier apporte aux compositions traditionnelles du Moyen-Orient une touche particulière et inédite (« Fate Is Contradictory », le magnifique « Shiraz » ou encore « Not Really »)… Le pari était audacieux mais réussi.
« Project Masnavi » s’inspire fortement des textes du poète mystique persan Rumi. Il y est question de libertés, ce qui tranche bien évidemment avec les périodes de lockdown strictes que l’Australie a connues ces deux dernières années. On mesure mieux alors la symbolique de la pochette.