Elliot Galvin : The Ruin

Elliot Galvin : The Ruin

Gearbox Records

On le connaissait pour son concours appuyé au combo Dinosaur, pour ses collaborations avec le batteur Mark Sanders ou avec le saxophoniste Binker Golding, mais aussi à travers son propre trio. C’est sous son seul nom civil qu’Elliot Galvin nous revient pour ce nouvel album. Un vinyle dont c’est d’abord la pochette qui retient notre attention. La photographie de type sépia nous dévoile un piano abandonné en pleine nature. Au verso, ce même piano passe de l’état de déréliction à celui de ruine. Il serait vain de vouloir trouver une allégorie à la démarche de Galvin. Dédiant le disque à son grand-père qui l’aida à acheter son premier piano, le pianiste britannique fait au contraire resplendir son instrument, lui donnant toute la superbe qu’il peut. Après quelques minutes d’écoute, on perçoit très vite qu’il ne va pas faire cavalier seul. Une bassiste et vocaliste, Ruth Goller, s’immisce dans son jeu. Un batteur, Sebastian Rochford, vient le ponctuer avec tact et subtilité. Plus loin, c’est un quatuor à cordes – et pas n’importe lequel – le Ligeti Quartet, qui met en relief le chavirant « Still Under Storms ». Plus loin encore, c’est Shabaka Hutchings qui se propose de colorer, avec une flûte de bambou, le bien nommé « Gold Bright ». En face B, « In Concentric Circles » apparaît comme la bande son idéale d’une œuvre in situ de l’artiste de land art Richard Long. Le disque s’aborde comme un recueil de poèmes. Une prose subtile qu’Elliot Galvin a peaufinée à force de travailler, retravailler des esquisses, des esquives. Son piano n’est pas son seul support, il y a aussi ses synthétiseurs et quelques béquilles électroniques. Quel que soit l’endroit où il pose ses doigts, il le fait avec une sorte de magie feinte mais incroyablement réelle.

Eric Therer