Emil Brandqvist Trio : Poems for Travellers
S’immerger dans la musique du trio d’Emil Brandqvist, c’est voyager avec Alice au pays des merveilles. L’esprit se redéfinit, s’adapte, se disponibilise à l’inattendu et au merveilleux. Le Suédois Emil Brandqvist est batteur, mais en complicité avec le pianiste finlandais Tuomas Turunen et le bassiste suédois Max Thornberg – plus la vocaliste et joueuse de kantele Maija Kauhanen pour enrichir les textures -, il invente une musique cinématique et atmosphérique pleine de lyrisme. Son affinité pour le folklore scandinave, mais aussi pour la musique classique romantique éclate dans ces treize élégants tableaux aux mille nuances délicates. Dans « The Mayfly » ou « Up in the Sky », le piano de Turunen paraît délesté de ses marteaux tandis que les touches noires et blanches semblent s’agiter toutes seules telles des fées celtiques dans la lumière. La pureté du son, la fluidité des gestes, l’absolu naturel de la musique qui tombe en flocons relèvent certes d’une technique patiemment peaufinée au fil des six albums du trio déjà sortis, mais c’est une technique quasi invisible que l’on ne perçoit que par intuition.
Véritables concrétions de sentiments disparates, les thèmes lumineux sont prolongés par des improvisations inspirées qui convergent vers de nouvelles perspectives imaginaires. Un solo de basse ici (« Destination Unknown »), un autre de piano là (« Shades of Leaving ») et jusqu’à la batterie qui introduit le splendide « Departure », tout est vivant et, en dépit d’une douceur diffuse, la musique est moins prompte à verser dans la sobriété et l’introspection qui caractérisent beaucoup de productions scandinaves. Ces poèmes pour voyageurs recèlent une telle puissance évocatrice qu’elles nous feraient presque croire à l’avènement d’un monde heureux.
