Enrico Pieranunzi Trio & Orchestra : Blues & Bach ‐ The Music of John Lewis

Enrico Pieranunzi Trio & Orchestra : Blues & Bach ‐ The Music of John Lewis

Challenge Records / New Arts International

Que le pianiste italien rende hommage à John Lewis n’est en rien une surprise. L’Italien et l’Américain se rencontrent sur le terrain du toucher et de l’élégance. Aussi sur celui des références : ce n’est pas pour rien si l’album porte le titre « Blues & Bach », deux références essentielles dans le parcours des deux pianistes. « Des expériences fondamentales pour nous deux » écrit Pieranunzi dans les liner notes de l’album. En associant l’ OFI, Orchestra Filarmonica Italiana, à ce projet, le pianiste a choisi un orchestre où l’ouverture d’esprit est évidente : l’OFI a aussi bien accompagné José Carreras que Jeff Beck et surtout enregistré pas mal de musiques de films écrites par Ennio Morricone. Un grand standard « Autumn in New York » de Vernon Duke – merveilleusement introduit par le piano avant un tempo medium de l’orchestre – et sept compositions de John Lewis dont certaines sont de vrais standards.

« Skating in Central Park » de l’album « Saint-Germain-des-Prés » (morceau que Philip Catherine avait repris sur « Guitars Two ») ouvre l’album sur le ton romantique et le chant des cordes. « Vendôme » de l‘album éponyme est tout aussi prenant. L’immense standard de John Lewis « Django » débute dans l’atmosphère recueillie proche de celle du compositeur. Rappelons que le titre a été écrit juste après le décès de Django Reinhardt. Après l’intro en solo, l’orchestre accélère le tempo avant le final lent, respectant ainsi pleinement l’écriture de Lewis. Du tout premier 33trs du Modern Jazz Quintet en 1955 vient « Concorde », joyeux et enlevé qui prouve si besoin est l’élégance de Pieranunzi sur des tempos plus rapides. 1955, année de composition aussi de « Milano » introduit au hautbois et aux couleurs romantiques craquantes. Avec sa couverture précédant ce que Miles Davis allait faire quelques années plus tard, « Under the Jasmine Tree » sorti en 1968, propose « Jasmine Tree », un thème très enlevé où l’orchestre et Pieranunzi se lâchent sur des accents orientaux, formidable épilogue d’un album aux qualités multiples. Un hommage à un des pianistes les plus élégants de la sphère jazz tous styles confondus, l’association réussie du trio jazz et des cordes, la nostalgie d’une époque aujourd’hui un peu oubliée, les qualités d’un des pianistes majeurs dont la discographie mérite d’être revue et écoutée sans fin.

Jean-Pierre Goffin