Eosine : Dream pop colorée
Le label liégeois JauneOrange nous a gratifiés de deux belles sorties en 2021. Je vous ai entretenus des intenses et sombres Diemen Sniep récemment. C’est maintenant Eosine que je vous propose de découvrir, si ce n’est déjà fait. Vous réaliserez, à la lecture de l’entretien qui suit, que des liens existent ou ont existé entre les deux groupes. Mais si Eosine se découvre aussi dans le côté intense du rock, il est beaucoup plus évanescent. Délivré par une belle guitare mélodique et planante encadrant la voix cristalline d’Elena Lacroix, ce rock ciselé nous a procuré de belles sensations lors de l’écoute de leur premier EP 4 titres baptisé « Obsidian ».
«Pour le chant et la guitare, je suis autodidacte…»
Quelles furent vos premières émotions musicales en rock ?
Elena Lacroix : Mes parents écoutaient assez bien des trucs « shoegaze », donc c’est cela que j’entendais quand j’étais petite. Mais le premier groupe que j’ai écouté seule, c’était Girls In Hawaï. Ils ont beaucoup de facettes, c’est un groupe super intéressant. Un autre groupe que j’ai découvert seule, c’est Beach House. Dans le style « dream pop », « shoegaze ».
Vous avez suivi des cours de chant, de musique ?
E.L. : Pas du tout. J’ai étudié le solfège pendant sept ans quand j’étais petite. Un petit peu de cours de piano aussi. Pour le chant et la guitare je suis autodidacte et je me suis remise au piano récemment. De mon plein gré.
«Au départ, c’était un projet solo. On a repensé les morceaux en tant que groupe et je suis contente de cette nouvelle direction.»
Puis vous avez créé Eosine, un groupe ou un projet solo à la base ?
E.L. : Au départ c’est moi qui compose les morceaux… Ceux de l’EP qui vient de sortir ont été écrits il y a trois ans. Ces morceaux ont été enregistrés à la maison et ils figurent tels quels sur le cd. C’était important pour moi de garder ces pistes. Donc oui, au départ, c’était un projet solo, sauf que maintenant on a repensé tous ces morceaux en tant que groupe et ils prennent vraiment une autre dimension. En concert il y a désormais des interventions de tout le monde et je suis vraiment contente de ces nouvelles directions.
Vous avez aussi produit ce cd…
E.L. : Oui mais pour le mixage et le mastering nous sommes allés au Studio 5, le Wood Studio. Finalement c’est une collaboration (pour info, c’est le studio où tout Liège enregistre, mais pas que, la liste est très longue – NDLR).
«La résidence au Reflektor a permis de mettre le projet du groupe en live.»
Dans les remerciements, il y a Grumph, l’ingénieur son du Reflektor, il vous a apporté son savoir-faire ?
E.L. : En fait je lui suis super reconnaissante parce qu’il a découvert le groupe alors que nous n’avions pas encore donné de concerts et que nous étions en pleine période COVID. Il nous a proposé de faire une résidence au Reflektor ! Cela nous a surpris mais c’est vraiment grâce à cela qu’on a pu mettre le projet du groupe en live. Et là il nous a vraiment bien aidés. Puis nous avons fait une captation live à l’Atelier Rock de Huy. Ils ont enregistrés le concert et grâce à cela nous avons eu la possibilité de sortir de petites vidéos.
Pour en revenir au groupe, désormais ce sont d’autres musiciens qui le composent. Mais pouvez-vous m’expliquer la présence du batteur Jérôme Danthinne sur le cd ? (Pour info, ce batteur est très présent sur les productions du label Freaksville de Benjamin Schoos)
E.L. : C’est tout simple. Jérôme, qui joue sur trois des quatre titres est venu pour faire un remplacement car notre batteur s’était blessé juste avant d’entrer en studio !
On vous a vue au sein de Diemen Sniep et son leader, Chad Levitt, joue de la basse sur votre cd… Un échange de bons procédés ?
E.L. : Il y a deux ans, je cherchais des musiciens pour Eosine et c’est lui le premier que j’ai rencontré. C’est lui qui est resté le plus longtemps dans le groupe, malheureusement il n’en fait plus partie. Mais il a apporté beaucoup à notre musique. Maintenant le groupe s’est stabilisé autour de quatre membres.
«La pochette représente la coupe d’une cellule au microscope, colorée avec de l’éosine.»
L’artwork du cd est en rapport avec vos études en médecine ?
E.L. : Tout à fait. La pochette représente la coupe d’une cellule au microscope et c’est coloré avec de l’éosine ! Donc une référence à mes études.
«Je m’intéresse à la science en général et j’ai toujours voulu intégrer cela dans ma musique.»
Les titres des chansons sont aussi particuliers. « Antares » est une étoile, « Onyx » une pierre… Pour être en accord avec le côté « rêveur » de la musique ?
E.L. : On aime bien mettre des petites références comme cela. Tout comme le titre du cd. On intègre aussi cet aspect dans nos vidéos pour être bien cohérent. J’ai toujours été intéressée par ce qui touche à l’astronomie. Je m’intéresse à la science en général et j’ai toujours voulu intégrer cela dans ma musique parce que ce sont des univers hyper intéressants. Tant visuellement que métaphoriquement dans les paroles. Et les autres musiciens accrochent aussi à ces univers car nous sommes trois scientifiques dans le groupe ! En bio, géo et médecine !
Et les futures chansons seront toujours empreintes de ces inspirations ?
E.L. : Non, mais forcement il restera des références scientifiques parce que cela me parle et cela me vient naturellement. Il y a moyen d’exprimer beaucoup de choses via ces domaines. Notre nouveau single « Ciaran » est un prénom mais c’est aussi une référence à la physique. Il sortira au printemps mais uniquement en version numérique.
«Nous avons tellement de morceaux qui sont prêts !»
Les autres musiciens pensent-ils se mettre aussi à la composition ?
E.L. : C’est une question que je me pose aussi, mais nous avons déjà tellement de morceaux qui sont prêts ! On a un album qui est sur la route. Il faut aussi savoir que nos morceaux évoluent beaucoup quand on les arrange pour la scène. Quand nous allons les enregistrer, en studio, nous risquons encore de rajouter des trucs ! Mais à la base, toutes les compos que nous possédons, viennent de moi. Rien n’est encore fixé, mais nous devrions pouvoir sortir ce cd en 2022. Et nous espérons en éditer une version vinyle, même si ce n’est pas rentable de le faire !
Quant aux concerts, comme pour beaucoup de monde, la situation est difficile. Mais sachez que le groupe se produira au Hangar à Liège, le 4 février. Avec Kocaze, un groupe annoncé « dark folk » en support act. Une unique occasion, pour l’instant, de découvrir Eosine en live. Croisons les doigts pour que la liste s’allonge et en attendant, investissez dans leur passionnante première réalisation « Obsidian ».
Eosine
Obsidian EP
JauneOrange