Équipe De Foot : Entre Beatles et Sonic Youth !
Le moins que nous puissions écrire, c’est que la Coupe du monde qui nous arrive suscite débats et polémiques. Nul doute cependant qu’elle rassemblera (comme les autres) quelques milliards de passionnés devant leurs écrans… JazzMania vous offre cette semaine un clin d’œil en forme de rencontre avec un duo qui, nonobstant son patronyme,… en n’a pas grand-chose à foot !
«Nous ne sommes vraiment pas férus de foot !» (Alex)
Alex et Mike jouent de la guitare et de la batterie (entre autres) et forment le duo de chanteurs / compositeurs connu sous le nom d’Équipe De Foot. Un groupe de Bordeaux qui allie pop indé et rock alternatif. Pop sur les albums, rock sur la scène, bien que la limite soit souvent ténue entre les deux styles. « Geranium » leur troisième cd qui allie mélodies, nonchalances et explosions, m’a vraiment conquis. La venue du groupe à Liège pour un concert à l’Escalier fut l’occasion de faire plus ample connaissance avec ces musiciens et leur univers.
Le nom du groupe est étrange mais génial. Un petit mot d’explication ?
Alex : La petite histoire de ce nom vient de notre batteur Mike. Je voulais jouer avec lui depuis un certain temps mais il me répondait toujours : « j’ai trop de groupes ». Il jouait effectivement dans onze groupes ! Dans ces derniers il y en avait un qui se cherchait un nom et il avait proposé « Équipe De Foot » en pensant à sa situation… ça l’amusait. Les autres musiciens ont refusé. Cela l’a attristé et moi je lui ai dit que j’étais partant pour ce nom pour notre duo. Voilà pour l’histoire, mais nous ne sommes vraiment pas férus de foot !
«Plus on avance, moins c’est spontané et plus c’est réfléchi.» (Mike)
Votre musique est radicale, spontanée…
Alex : Dans notre musique il y a surtout le fait que nous ne soyons que deux et que nous désirons juste un son rock, aussi bien pour la scène que sur les disques. Nous partons malgré tout d’un univers pop mais il s’est bien exalté ! Avec un gros son. Mais je pense que nous irons désormais vers des chansons plus pop que rock.
Mike : Au début le groupe était une sorte d’exutoire parce que nous voulions faire du rock, ce que nous ne jouions pas dans nos autres formations. On s’est vraiment lâchés et plus on avance moins c’est spontané et plus c’est réfléchi. On passe plus de temps à peaufiner une musique qu’on aime plutôt que de « brailler comme des débiles ! » Désormais on se rapproche plus d’un truc pop mais toujours un peu fou ! Finalement on n’écoute pas tellement de rock, juste Alex qui est plus porté vers le rock psyché. On se rejoint maintenant dans un milieu pop et on se sent, par exemple, plus proche des Beatles.
Alex : Par contre nous pensions que les concerts allaient virer pop mais finalement cela reste quand même très rock. On passe beaucoup de temps à la réflexion, aux compositions et à la réalisation du cd. Mais dès que nous sommes en live, même une chanson très pop, elle finit en un rock beaucoup plus intense.
Beaucoup de chansons sont en effet introduites en douceur puis l’assaut arrive…
Alex : Oui mais sur le disque il y a encore beaucoup de chansons que nous ne jouons pas en concert. Sur le cd nous avons fait tout ce que nous voulions, nous avons rajouté beaucoup d’instruments sans penser au live. Ce qui explique tous ces moments posés, calmes, latents alors qu’en live cela explose beaucoup plus souvent.
«Jusqu’il y a peu, Alex pensait que «Slvote» signifiait «neige» en norvégien…» (Mike)
Pour la production vous avez opté pour Johannes Buff (il a collaboré, entre autres, avec Thurston Moore, l’ex Sonic Youth)…
D’habitude nous travaillons avec un ami qui possède un studio où nous avons enregistré nos deux premiers albums. Mais pour le second, il y a eu une certaine incompréhension et nous n’avons pas été satisfaits du résultat. Il était plus dense et rock que ce que nous ne l’imaginions. Nous nous sommes mis à la recherche d’un autre producteur et lors de discussions avec différentes personnes, le nom de Johannes est revenu plusieurs fois. Nous lui avons envoyé des démos et nous nous sommes vite aperçus que nous allions dans la même direction. Il provient du Sud de la France, a beaucoup voyagé et était revenu au pays monter son studio. Il a un parcours musical particulier. De coiffeur, il s’est passionné pour le son. Il a enregistré à Grenoble, Berlin et finalement s’est retrouvé dans le studio new-yorkais de Sonic Youth. Il n’a pas suivi de formation d’ingénieur du son, mais il a l’expérience de celui qui a écouté beaucoup de disques avant d’en faire !
Vous semblez apprécier les titres relativement longs…
Mike : Ah oui ! Et des noms un peu « à la con » parfois ! (rires) Pour expliquer le truc il faut une phrase longue ! Parfois, pour diminuer la longueur du titre, nous ne gardons que les initiales… Sur « Geranium » il n’y en a qu’un : « Slvote » ! Ce sont les initiales de la dernière phrase du morceau. J’ai donné ce nom à la chanson et Alex ne savait même pas ce que cela voulait dire ! Un jour il me l’a demandé et je lui ai dit « neige » en norvégien ! (rires) Et il m’a répondu « Ah ok » et jusqu’il y a peu il le croyait toujours ! (rires)
Je trouve la pochette atypique par rapport à votre style. Elle pourrait convenir pour un groupe de rock progressif !
Alex : Nos pochettes sont réalisées par la même personne. Une illustratrice particulièrement talentueuse. Elle a beaucoup écouté la musique, s’est imprégnée des ambiances mais elle ne voulait pas faire une « pochette de rock ». Nous n’avons pas un nom de groupe de rock donc nos pochettes doivent aussi se différencier de cet univers.
Et elle est à l’opposé de votre musique qui est douce puis explose. Sur la pochette c’est un « séisme » qui se mue vers de la douceur….
Alex : Tout à fait, ce sont des contraires. C’est cool de la voir ainsi.
«On a fait une visio et on s’est aperçu que pour les gens de Luik, c’était comme si c’était déjà signé. Aucune négociation…» (Alex)
Votre album est paru chez nous sur le label « Luik Records ». C’est quoi l’histoire ?
Alex : Nous connaissions un peu les gens de Luik pour les avoir croisés quelques fois. Nous étions dans une organisation à Bordeaux qui se nomme « La Pépinière du Krakatoa » et le responsable connaissait JB de Luik. Il leur a conseillé l’écoute de l’album. Ils ont apprécié, on a fait une petite visio et on s’est aperçu que pour eux c’était déjà comme si c’était signé ! Aucune négociation, dans leur tête c’était fait ! Les concerts en Belgique, c’est via la boite de booking de Damien qui jouait dans It It Anita, et qui nous fait tourner. Et le label et le booking sont très proches. On aime bien venir donner des concerts chez vous. On a joué à Mouscron, Bruxelles et Liège par deux fois ! Et on a bien apprécié ta chronique ! (rires) Même si on s’est dit « Oh la la » quand on vu le mot « jazz » dans le nom du site ! (rires)
La preuve que notre équipe de chroniqueurs joue dans toutes les catégories !
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Geranium
Luik Records