Eric Barret Trio : Work in Porgress
Pour tous ceux qui ont suivi la scène française du jazz à partir des années 70, Eric Barret évoque immanquablement un saxophoniste qui a joué avec de nombreux Américains de passage : Chet Baker, Pepper Adams, Slide Hampton… Il joue aussi avec Alby Cullaz et Charles Bellonzi (aurait-il croisé notre Liégeois Jacques Pelzer ? Question à lui poser). Le voici enregistré sur sa côte natale (il est né au Havre) au Jazz Club de Dunkerque, entouré de deux musiciens de haut vol : on connaît bien le batteur Gautier Garrigue qui a foulé nos scènes récemment avec le trio de Henri Texier (et qu’on reverra dans le quintet du contrebassiste à Jazz à Liège le 3 mai). Moins le pianiste Emil Spanyi, partenaire régulier de Daniel Humair, Christophe Monniot ou Mar Ducret. Le trio sans contrebasse a ceci de déconcertant qu’on cherche cette pulsion grave à travers chaque morceau, mais ici, on la trouve : dans les graves du piano, sur les toms de Gautier Garrigue, dans les pulsions du sax. Les sept titres sont des compositions du saxophoniste qui forment d’excellents prétextes à une improvisation en constante évolution construite dans l’échange permanent. C’est du jazz « live » dans le sens premier, c’est-à-dire vivant, en perpétuelle création, en « Work in Progress » comme le dit le titre de l’album et nom du trio. Laissez-vous embarquer dans ce « Work in Progress » de plus de onze minutes où la vibration du public – et ses sifflets ! – est intense. Car, comme le dit Eric Barret, « la présence du public est primordiale… Tout ceci est déterminant pour créer. » Alors, même si on n’y était pas au Jazz Club de Dunkerque, on possède ici un fantastique témoignage de la vitalité du jazz improvisé.