Florian Arbenz Convergence : Moon
Au fil des années, le batteur suisse Florian Arbenz est devenu une figure majeure du jazz européen. Depuis 2006, il est aux commandes de Vein (aux côtés de son frère jumeau Michael au piano et du contrebassiste Thomas Läns), trio de jazz contemporain qui a sorti une quinzaine d’albums. De 2020 à 2024, Arbenz nous a proposé 12 disques (appelés « Conversations » numérotées du 1 au 12) avec des musiciens invités, différents à chaque reprise (citons, entre autres, Nelson Veras, Tineke Postma, Wolfgang Puschnig, Greg Osby, François Moutin ou son frère Michael). Au travers de toutes ces œuvres, son jeu de batterie est devenu un instrument-phare, un instrument qui ne servait pas uniquement de base rythmique, comme peu de batteurs l’ont fait avant lui.
Après un album en trio avec son frère et Ron Carter sorti au début de cette année, il nous revient avec le deuxième disque du projet Convergence, qui avait sorti un premier disque en 2020. A ses côtés, on retrouve la même équipe qu’il y a cinq ans (son frère Michael, les frères cubain Jorge et Maikel Vistel à la trompette et au saxophone ténor et le contrebassiste Rafael Jerjen) à l’exception du guitariste Nelson Veras qui est ici remplacé par l’accordéoniste portugais Joao Barradas. Avec ce projet, Arbenz et ses complices nous font voyager vers des univers très divers (cette diversité artistique étant due aux divers compositeurs : Florian Arbenz signe deux morceaux, Maikel Vistel trois et son frère Jorge deux) : cela commence avec « Preludio », un post-bop énergique aux fortes couleurs latines pour se terminer par le titre éponyme, composition plus expérimentale avec des textures denses et complexes, en passant par « Suite » et ses rythmes très différents (avec une splendide introduction atmosphérique du piano et de l’accordéon, instrument qui apporte une couleur vraiment différente à tout l’album) ou par des moments plus lyriques comme « JM » (très beaux dialogues entre le piano, l’accordéon et la contrebasse, bien soutenus par des cuivres discrets) ou « Wild Flower ».
Voici une très belle œuvre avec des influences stylistiques différentes (une espèce de fusion où les Latins rencontrent les Suisses) qui propose une musique complexe et spontanée en même temps grâce à de merveilleux musiciens qui interagissent très naturellement. C’est une des forces de ce disque : cela semble complexe, mais la connivence, la convergence entre les musiciens fait que cela paraît facile.
