Francesco Aroni Vigone : Orbita
Dès les premières notes, on est surpris, pour ne pas dire abasourdis, par l’incroyable timbre que dégage cet enregistrement. On en comprend mieux la raison quand on lit qu’il a été capté sur le vif, dans le chœur d’une église, celle en l’occurrence de San Giuliano à Vercelli dans le Piémont. La notice au verso de la pochette nous renseigne quant à la marque et le type des microphones et des amplificateurs utilisés : sans conteste du matériel haut de gamme. Pour autant, le dispositif mis en place est des plus simples : il s’agit de capter le son d’un saxophone. Tantôt alto, tantôt soprano. Celui de Francesco Aroni Vigone qui joue ici seul, tout seul. Quoique. Car c’est sans doute par le truchement de ce rapport particulier entre enregistré et enregistreur que la magie opère. Et le résultat est surprenant. La performance tient à parts égales de la dextérité du musicien et de l’habilité de l’ingénieur du son, Edoardo Gennaro, lequel a également mixé et masterisé l’album. Les dix-huit miniatures alignées dépassent rarement les deux minutes quand elles ne tournent pas autour d’une seule. Elles revêtent une dimension intrinsèquement lyrique et sont toutes signées par Vigone, à l’exception de la reprise d’un air catalan traditionnel. « Orbita » est un disque d’une beauté simple dont la dimension spirituelle est incontestable. On pense au Garbarek de « Officium », mais aussi, à de plus rares moments, à Eric Dolphy dans la quête qu’il poursuivait de ramener un son à son essence première.