François Chesnel, Frédéric Chiffoleau, Yoann Loustalot & Fred Pasqua : Sleeper Train
Bruit Chic / Inouïe Distribution
Cet album constitue la suite logique de « Old and New Song » : la même volonté de replonger dans des thèmes traditionnels de différentes cultures, de manière à démontrer que l’on a tout à apprendre des autres… Alors que certains se réclament d’une identité culturelle unique qui risque d’être polluée au contact des « autres ». Et puis, à une exception près, la même équipe. Au piano, le Normand François Chesnel, créateur du Kurt Weil Project (album « Le Voyant »), de l’Alma Trio, et qui fait partie du trio qui a enregistré « Pièces en forme de flocons » avec Yoann Loustalot. À la contrebasse, Frédéric Chiffoleau, qui a participé au groupe Jus de Bocse du trompettiste Médéric Collignon, qui a enregistré avec le saxophoniste Alban Darche et avec le X’Tet de Bruno Regnier. A la trompette et au bugle, Yoann Loustalot dont on a chroniqué l’album « Slow », avec le pianiste Julien Touéry, « Lucky Dog » avec Fred Borey, « Aérophone » avec Glenn Ferris en invité et qui a participé à l’album « Reborn » d’Aldo Romano, avec le quartet Palatino au sein duquel il a succédé à Paolo Fresu. Enfin, succédant à Christophe Marguet, Fred Pasqua, le batteur de Lucky Dog et initiateur de l’album « Moon River » avec Nelson Veras, Yoann Loustalot et Yoni Zelnik.
Soit une vraie famille, qui a recueilli et arrangé neuf thèmes issus de traditionnels américains, japonais, mongols, écossais mais aussi des compositions du Réunionnais Alain Peters (« Mangé pou le cœur »), de la chanteuse lyrique russe Maria Pavlovna Morozova (« Oy, Moroz Moroz »), des Brésiliens Vinicious Moraes et Chico Buarque (« Gente Humilde ») ou alors « Sanza Tristesse » du Camerounais Francis Bebey qui affirme : « l’Afrique est au carrefour de plusieurs cultures ». Une série de mélodies gorgées d’émotion. Une trompette éclatante (« Sanza Tristesse », « Koruda Bushi »), un bugle à la sonorité soyeuse (« Oy, Moroz Moroz », « Le chemin vers Izumo ») ou une trompette bouchée très sensible (« Oh Where »). Un piano très lyrique (belle intro de « Sanza Tristesse », ou empreint de solennité sur « Le Chemin d’Izumo », avec une série de variations de rythmes après, notamment, une vigoureuse roulade de caisse claire). Une contrebasse très présente (belles intros avec Pasqua de « Mangé pou le cœur » ou le sautillant « Ekh Ornii Mgataal » mongol). Fred Pasqua passe, avec adresse, des baguettes aux balais (« Oy, Moroz Moroz ») ou aux mailloches (« Oh Where »). Plusieurs ballades empreintes de mélancolie (« Gente Humilde ») mais aussi des tempos plus sautillants (« Ekh Ornii Magtaal » ou « Mangé pou le cœur »). Un album empreint d’une grande sensibilité dans la parfaite lignée du parcours passionnant de Yoann Loustalot.
Retrouvez Yoann Loustalot en interview sur le site de JazzMania ce mercredi 17 mars.
Claude Loxhay
