Free Four (Serge Lazarevitch, Ben Sluijs, Nic Thys & Teun Verbruggen) : L’An Vert (10/12/2021)
Le public liégeois, mais aussi belge en général, a-t-il la mémoire aussi courte ? A l’An Vert, à peine plus d’une douzaine de personnes se sont déplacées pour accueillir celui que Nic Thys présente comme « le plus liégeois des musiciens français ». Et pour cause, le guitariste Serge Lazarevitch a été professeur à l’époque des Séminaires de Jazz du Conservatoire, en même temps que Steve Houben. On a pu l’entendre durant des jams avec le tout jeune Pierre Vaiana et il a fait alors partie du quintet de Charles Loos (albums « Sava », avec le saxophoniste américain Greg Badolano puis « Quelque Part », avec John Ruocco). Par la suite, Serge Lazarevitch est resté fidèle à ses amis belges, enregistrant « Cat Are Welcome », en trio avec Philip Aerts et Félix Simtaine – trio qu’il emmena au Festival Radio France de Montpellier –, « London Baby » avec Kurk Van Herk, « Walk With a Lion » avec Kurt, le Suisse Matthieu Michel (tp) et Dré Pallemaerts, « A Few Years Later » avec le même Matthieu Michel. Par la suite, il a fait partie de l’Orchestre National de Jazz de Claude Barthélemy, notamment avec Michel Godard (souvenir inoubliable d’un concert à Nîmes avec Michel Portal en invité). Puis, retour chez Igloo en trio avec Nic Thys et Teun Verbruggen (« Free Three ») et avec Ben Sluijs et Teun (« Still There, Still Free »). Les fans belges ont pu aussi l’entendre lors d’un concert magique au Pelzer avec Eric Barret (ts), Airelle Besson (tp), Nic (cb) et Joël Allouche (dm), époque à laquelle étaient présents Steve Houben et Jacques Pirotton : rien que du bonheur !
A l’An Vert, tout sourire, content du public présent mais surtout de ses amis musiciens belges avec qui il se sent en complète empathie, Serge entame le concert avec un thème qui unit, avec intelligence, Ligeti, un des maîtres de la musique contemporaine, et Ornette Coleman. Interprète, Serge est aussi arrangeur et compositeur éclectique. Puis des thèmes des albums précédents, un hommage avec « Subconscious-Lee » de Konitz (image d’une parfaite assimilation de la tradition), une évocation de l’Afrique et particulièrement du Burkina Faso, avec une composition pour laquelle la guitare se mue insensiblement en Kora aux sonorités multiples, avec la flûte ondoyante de Ben Sluijs, un thème qui débouche sur « Evidence » de Monk. Un sourire constant, une joie de partager la scène avec ses complices : alto allègre de Ben Sluijs, contrebasse inventive et robuste de Nic, complexité rythmique de Teun Verbruggen qui mêle batterie et petites percussions (comme une cymbale chinoise), le tout avec baguettes, balais ou fagots. Un réel plaisir de jouer qui se transmet au public (même peu nombreux) et se termine par un rappel : une pièce de Couperin à la mélodie très prenante. Un des meilleurs concerts de l’année.