Gary Brunton, Bojan Z & Simon Goubert : Night Bus, Second Trip

Gary Brunton, Bojan Z & Simon Goubert : Night Bus, Second Trip

Juste une trace

Né en Angleterre en 1968, Gary Brunton a d’abord étudié la contrebasse en autodidacte. En 1988, il gagne Paris et s’inscrit au CIM (Centre d’Informations Musicales), la première école de jazz en France. Il y rencontre et se lie d’amitié avec Bojan Z. Celui-ci va le présenter à Henri Texier qui devient son professeur. En 89, Brunton intègre le trio de Michel Graillier, tandis que Bojan Z mène sa carrière de son côté. Trente ans plus tard, Brunton retrouve Bojan Z, lors d’un concert de Michel Portal et croise Simon Goubert, le batteur de Magma à un concert du vibraphoniste Franck Tortiller. Alors germe l’idée de former un trio autour des compositions de Brunton. Après une série de répétitions en 2018, le trio sort un premier album, « Night Bus » (Chronique JazzMania). Voici la suite du projet : dix compositions originales aux climats variés, qui nous promènent d’une « Polka Playtime » à « Havana Brown », en passant par une « Korean Influence » mais aussi un classique (« How Deep Is the Ocean ») et deux emprunts à David Bowie, « Ashes to Ashes » (beau dialogue entre contrebasse et piano) et « Moonage Daydream ».

Ce qui frappe dès la première écoute, c’est l’interaction constante entre les trois musiciens : la vélocité de jeu de Bojan Z, ses envolées vigoureuses (« Blackpool Girl »), sa science des ruptures de rythmes (« Mingus’House » qui débute comme une ballade pour voir son tempo s’enflammer), la sonorité boisée, ample et profonde de la contrebasse omniprésente (cet hommage à Red Mitchell dont le thème est exposé par la contrebasse après une intro tout en légèreté des balais de Goubert, le tout suivi par un passage à l’archet). Une complicité qui s’affirme lors de beaux dialogues joués à l’unisson entre contrebasse et piano (« Polka’s Playtime », « Two Wrongs Don’t Make a Right », « How Deep Is the Ocean »). Ce qui assure l’originalité de cette musique, c’est le contraste des atmosphères, entre ballades (« Ashes to Ashes », « Red Mitchell »), swing vigoureux (2e partie de « Mingus’House »), énergie rock (intro de batterie sur « Moonage Daydream », suivie d’une accalmie) et cela parfois à l’intérieur d’un même morceau (« Mingus’House »). Produit par Gary Brunton et François Jeanneau, voilà un beau projet mené à terme.

Claude Loxhay