Gesin,Meyer,Rohrer, Amiira

Gesin,Meyer,Rohrer, Amiira

Klaus Gesing / Björn Meyer / Samuel Rohrer, Amiira

ARJUNAMUSIC

Avouons-le, nous ne connaissions pas grand chose de ces trois musiciens-là. Et pourtant… Cela fait plus de quinze ans qu’ils sont actifs sur les scènes internationales. Klaus Gesing (Allemagne, saxophone et clarinette basse), l’atout mélodique du trio, prête régulièrement assistance à la chanteuse Norma Winstone et fait partie du quartet d’Anouar Brahem depuis 2008. Tout comme Björn Meyer (Suède, basse électrique) qui, auparavant, avait accompli l’essentiel de sa vie professionnelle au sein du très créatif Nik Bärtsch’s Ronin. Enfin, Samuel Rohrer (Suisse, mais Berlinois d’adoption, batterie) possède une double casquette : fondateur du label Arjunamusic, il participe par ailleurs à des sessions de studio pour Laurie Anderson, Nils Petter Molvaer ou Sidsel Endresen… Un point commun à dégager au milieu de ce name dropping ? Chacun des musiciens cités plus haut – tiens, beaucoup sont passés par l’écurie ECM – propose une œuvre sensible et discrète. Or, ces adjectifs conviennent parfaitement pour décrire « Amiira », un album aux atmosphères disparates et brumeuses dont l’objectif avoué est l’abolition de la frontière ténue qui sépare musique improvisée et musique composée.  On y entend de longs étirements ou de lents développements; jamais une note plus haute que l’autre. Les envolées rythmées sont rares (Fulminate ou Sirènes sacrées, emprunté au compositeur arménien Khachatur Avetisyan). Plus qu’un tempo, Samuel Rohrer, par des bruissements sonores, assure un « état d’âme ». « Amiira », c’est aussi une incursion brève dans l’univers de Nino Rotta (Minne), un hommage informel à John Surman (What We Leave), une escapade vers la Discreet Music défendue par Brian Eno (Flimmer). Intimiste sans être ennuyeuse la musique du trio ne révolutionnera pas le jazz. Elle nous permettra simplement de suspendre un peu le temps qui passe, à pas feutrés…

Joseph « YT » Boulier