Günter Baby Sommer & the Lucaciu 3 : Karawane

Günter Baby Sommer & the Lucaciu 3 : Karawane

Intakt

A 79 ans, revoici le bouillant batteur-percussionniste Günter Baby Sommer, pilier, avec Ernst Ludwig Petrowsky (as), Conrad Bauer (tb) et Ulrich Gumpert (p), de l’effervescent Zentral Quartet, le groupe qui a révolutionné le free jazz en Allemagne de l’Est, mais aussi dans toute l’Europe libertaire. Un vrai boulet de feu qu’on a pu découvrir en Belgique, d’abord lors d’un Jazz au Château d’Oupeye puis à Jazz!Brugge, grâce à deux découvreurs de talents, André-Paul Laixhay et Rik Bevenage, deux organisateurs qui programmaient des musiciens qu’ils avaient vus en concert, au lieu de passer par des agents aux aspirations souvent commerciales.

Günter Baby Sommer est un orchestre à lui tout seul. Il a d’ailleurs enregistré en solo mais aussi en duo avec Cecil Taylor. Il a croisé les plus grands noms du free : Peter Brötzmann, Evan Parker, Alexander von Schlippenbach, Albert Mangelsdorff mais aussi l’Italien Gianluigi Trovesi, ou encore les Français Louis Sclavis et Sylvain Kassap. Il rencontre ici une fratrie : Antonio Lucaciu à l’alto, Simon au piano et Robert à la contrebasse, une vraie triade incisive et interactive face à l’homme-orchestre, créateur de tout un monde de percussions auquel se mêle à l’occasion la voix (« Karawane » avec un texte d’Hugo Ball).

Les quatre compères se sont partagés l’écriture des compositions. Sommer a écrit « Dulken Wolken » à partir d’un traditionnel, mais aussi « Unter jedem dach ein ach », « Karawane Samba Pastouron » et « Hymnus ». Simon Lucaciu, le pianiste, a composé « Zeit Wanderin », « Dialogue », « Zustande » et « Pan ». Robert, le bassiste, a écrit « Aether », « Impressions of Little Bird » et « MKK 103 », basé sur un motif de Bela Bartok. L’album s’ouvre en fanfare avec un alto incisif à souhait en prise avec une forêt de percussions compactes. Il se poursuit sur le même rythme effréné avant de s’apaiser avec un jeu de balais sur cymbales et un alto beaucoup plus doux (« Zeit Wanderin »). Mais le free libertaire revient très vite avec alto tranchant et percussions diffuses démontrant une vitalité inextinguible. Un vrai tourbillon qui ne peut que vous emporter. Un régal face à une telle vivacité.

Claude Loxhay