Henri Texier du Neuf !
Henri Texier: un tout nouveau projet
Le Texier nouveau est arrivé: un nouveau quintet, au nom peut-être provisoire, le Twiga Quintet. Une union entre nouveaux (le saxophoniste Vincent Lê Quang, le batteur Gautier Garrigue) et anciens compagnons de route (Sébastien Texier au saxophone et Manu Codjia à la guitare), un répertoire qui allie nouvelle composition, retour vers les grands thèmes du Sky Dancers Sextet et plongées vers les premiers titres enregistrés en solo dans les années 1970: des mélodies lumineuses, des improvisations inventives. Un album en préparation, des concerts dans la foulée de celui donné, en février dernier, au Triton à Paris (une douzaine de vidéos mises en ligne sur You Tube). Soliste hors pair, compositeur à l’écriture immédiatement reconnaissable, mais aussi homme généreux et citoyen du monde jusqu’au bout des ongles, Henri Texier s’explique.
Propos recueillis par Claude Loxhay
D’où vient ce nom de Twiga Quintet ?
Ce nom veut dire girafe en langage Swahili, groupe ethnique du Kenya. Je l’ai choisi car les girafes sont en voie de disparition dans l’indifférence quasi générale…En même temps je ne suis pas certain de conserver ce nom…
Le quintet accueille de nouveaux musiciens, le saxophoniste Vincent Lê Quang et le batteur Gautier Garrigue: comment les avez-vous rencontrés ?
J’ai rencontré Vincent Lê Quang lors d’une invitation d’Aldo Romano à donner un concert en trio totalement improvisé au Triton justement. Je n’avais jamais vu de ma vie Vincent et ce concert a été enregistré et a fait l’objet d’un album sur le label du Triton. Immédiatement j’ai ressenti une très grande affinité avec Vincent et ai aimé toute sa manière de jouer et d’aborder la musique. Tout naturellement j’ai pensé à lui pour ce nouveau projet en imaginant que ce son ferait un très bel alliage avec ceux de Sébastien et de Manu Codjia.
En parlant de Manu, depuis qu’il ne fait plus partie de mes groupes réguliers, je n’ai jamais rompu le contact avec lui et il a participé à quelques projets avec moi, dont une tournée en Amérique du Sud et au dernier album des “30 Ans de Label Bleu”. Pour le projet ”Twiga”, j’ai imaginé immédiatement de le faire avec lui car finalement c’est le musicien, à part Sébastien, que je sens le plus proche de mon univers. Tout ce que Manu a joué avec moi, je l’ai vraiment aimé…Et ça continue !
Quant qu’à Gautier Garrigue, c’est une histoire assez amusante : depuis quelque temps je lis son nom dans les revues de Jazz et, trouvant ce nom très poétique, je le remarquais de plus en plus puis, je constatais que Gautier jouait avec des musiciens qui semblaient vouloir faire des musiques intéressantes… Enfin j’ai aperçu une annonce de disque auquel il participait avec Manu Codjia en invité. J’ai appelé Manu qui m’a dit que Gautier jouait vraiment très très bien et qu’il irait vraiment bien avec mes ziques…Aussitôt j’organisais une session de rencontre et l’entente fut immédiate: nous étions “en équilibre”.
Le projet comporte de nouvelles compositions comme Sand Woman…
C’est l’unique composition nouvelle de ce projet. D’ailleurs je ne cherche pas spécialement, pour l’instant, à imaginer de nouvelles musiques pour ce nouveau groupe mais plutôt à faire revivre des anciennes compos qui permettent à chacun de jouer le plus possible et dans les meilleures conditions. Ce sera le but essentiel de ce nouveau band, jouer, jouer, le “jouage”, le “jouage”. Très récemment j’entends beaucoup de musiciens qui “composent”, “composent” et qui n’improvisent plus, qui ne jouent plus…Je trouve cela bien triste et ennuyeux…l’Improvisation c’est quand même l’essence de la musique de Jazz, sa Liberté, non ??
Il y a aussi un retour à d’anciennes compositions comme Amir ou Blues urbain…
L’idée ne vient pas de moi. C’est Armand Meignan, le directeur du festival Europa Jazz du Mans, qui m’a proposé de faire un concert pour le 35ème anniversaire du festival et, par la même occasion, le 40ème anniversaire de ma première maison de disque JMS/Sphinx pour laquelle j’ai enregistré mes albums en solo dans les années 1970. Je me suis dit que cela serait rigolo de reprendre ces compositions qui, pour certaines, n’ont jamais été jouées par un orchestre. Et comme il y a deux ans, j’ai fait la création du Sky Dancers Sextet au même festival du Mans, j’ai pensé qu’il serait chouette de réunir un groupe différent et d’en profiter pour rejouer avec Manu Codjia que je considère comme un très grand musicien et pour en rencontrer de nouveaux.
Y a-t-il un projet d’album? Des concerts prévus ?
Oui il y a un projet d’album que nous allons enregistrer en octobre 2017 pour une sortie en février/mars 2018. Assez peu de concerts de prévus pour l’instant, un en octobre dans le Sud-Ouest de la France et quelques-uns qui se dessinent en 2018, dont un à Amiens le 5 avril 2018 puis en mai en région parisienne.
Les musiciens
Les anciens
Sébastien Texier (saxophones, clarinettes): présent dans toutes les formations de son paternel depuis l’Azur Quintet avec Glenn Ferris et Bojan Z (album “Mad Nomad” de 1995). On le retrouve donc au sein du Strada Sextet, Red Route Quartet, Nord-Sud Quintet, Hope Quartet et Sky Dancers Sextet.
Manu Codjia: le guitariste était déjà présent au sein du Strada Sextet (album “Vivre”), mais aussi le Red Route Quartet et le Nord-Sud Quintet avec Francesco Bearzatti (saxopone ténor).
Les nouveaux
Vincent Lê Quang : saxophoniste soprano et ténor, on a pu l’entendre aux côtés de Daniel Humair (album “Seasoning” de la collection Jazz Legends), il a aussi croisé la route de Jean-Paul Celea (contrebasse) ou Jeanne Added (voix). Professeur au Conservatoire de Paris depuis 2007 et compositeur adepte du soundpainting, il a créé le projet Suite en 2005 avec Vincent Peirani (accordéon) et le quatuor Ebène. Il a participé aux albums “Air Libre” du guitariste Jean-Philippe Muvien, avec Daniel Humair, Roses and roots de Ricardo Del Fra et Liberi sumus en trio avec Henri Texier et Aldo Romano.
Gautier Garrigue : né en 1987 et diplômé du Conservatoire de Perpignan, il s’installe à Paris en 2007, il côtoie EriC Barret (saxophone ténor), Sébastien Llado (trombone), Michel Portal (saxophone alto, clarinette basse), Roberto Negro (piano) et le trompettiste David Enhco, avec qui il enregistre l’album “Horizons”.
Une belle équipe qui permet de multiples alliances sonores: saxophones alto et ténor (Sacrifice), alto et soprano (He Was Just Shining), ténor-clarinette (Quand tout s’arrête), soprano-clarinette alto (Sand Woman), ténor-clarinette alto (Hopi).
Le concert au Triton
Une nouvelle composition Sand Woman avec une belle alliance sonore entre soprano et clarinette alto, la reprise de grands thèmes du Sky Dancers Sextet (Navajo Dream joué en solo, Hopi, Mic Mac, Dakota Mab et ce He Was Just Shining dédié à Paul Motian), la reprise de Sacrifice enregistré en trio, avec Sébastien et Tony Rabeson, sur l’album “Remparts d’argile” en 2000. Enfin, de subtils arrangements de compositions enregistrées, dans les années 1970, en solo : Amir et Quand tout s’arrête (album “Amir” de 1976, solo avec contrebasse, oud, flûte, piano et percussions), Les là-bas (album “Varech” de 1977, contrebasse, oud, flûte, bombarde et percussions), Blues urbain (“A cordes et à cris” de 1979, contrebasse, oud, percussions). Une suite de mélodies inoubliables et de solos échevelés.