Henry Spencer: The Defector

Henry Spencer: The Defector

AMP

Derrière les enregistrements des neuf plages du nouvel album du trompettiste londonien Henry Spencer nous trouvons deux ingénieurs du son/producteurs œuvrant dans le monde de la pop, du rock : Jon Kelly et Paul Whalley. Des pointures telles que Michael Jackson, Kate Bush, Paul McCartney, Richard Ashcroft (The Verve) ont fait appel à eux par le passé. Je serais tenté de dire que cela se ressent, tellement le jazz délivré sur cet album sonne terriblement raffiné ! À la tête d’un magnifique quintet tout londonien, au sein duquel le leader joue aussi du bugle, nous trouvons une belle section rythmique, mais surtout deux formidables solistes: le renommé guitariste Ant Law (déjà cinq albums à son nom) et le pianiste Matt Robinson (Snowpoet et beaucoup d’autres, folk ou jazz). Sur certains titres, ils sont rejoints par un quatuor à cordes ce qui nous donne un éventail de sons jazzy d’une belle diversité. L’album s’ouvre sur une magnifique composition avec une partition au piano digne de Wim Wenders. Elle devient ensuite plus imposante, symphonique et développe une musique quelque peu cinématographique. De quoi vous captiver dès le début. L’album est fait, par la suite, de cheminements entre un jazz ouvert, accessible, rythmé qui ose les touches funky, pop (« Moment Gainde ») et des ouvertures, via les cordes, vers le classique, parfois sombre (Introduction to « Without a Voice ») quand cela ne sonne pas carrément tragique, dramatique. Sensations dues aux interventions du violoncelle et du bugle (« Overlap », « Without a Voice »). Henry Spencer imprime souvent la composition avec ses cuivres, mais les excellents « seconds couteaux » bénéficient de beaux espaces pour s’exprimer et se mettre en évidence. À titre de dernier exemple, je citerai la guitare cristalline sur « Not My Country ». Et la sensation, au final, d’écouter l’album d’un groupe plutôt que celui d’un leader, auteur quand même de toutes les compositions. Un album qui se répand dans plusieurs directions avec un égal bonheur. La marque d’un grand musicien, d’un grand compositeur aidé dans ses tâches par un groupe touché par la grâce. Un travail d’orfèvres.

Claudy Jalet