IWD #4 : Monika Roscher (Jazz-Fun.de, Allemagne)

IWD #4 : Monika Roscher (Jazz-Fun.de, Allemagne)

Monika Roscher © Jacek Brun

Interview du tac au tac…

Parlez-moi un peu de vous. D’où venez-vous ?
Monika Roscher : Je suis originaire de Nuremberg et j’ai fait des études de musique, de guitare, à Munich. C’est là que nous avons formé le big band. La plupart de ses membres vivent toujours à Munich.

Quel a été votre premier contact avec la musique ?
M. R. : Probablement grâce à mes parents car, à la maison, il y avait un piano, une contrebasse et une guitare. Mon frère jouait de la contrebasse et ma mère de la guitare. J’ai donc voulu jouer moi aussi. Au bout d’un moment, j’ai commencé à inventer des choses. Et j’ai vraiment aimé l’instrument. Ma mère m’a enseigné ce qu’elle savait, mais c’était surtout pour m’amuser car, à chaque fois que j’entendais de la musique, je me disais : c’est génial, chantons, faisons quelque chose d’extravagant !

Vous souvenez-vous de ce qui a façonné votre sensibilité pour la musique ?
M. R. : Je viens d’une petite ville où il y avait beaucoup de groupes de hip-hop et de métal, et tous les groupes de métal avaient de supers guitaristes. J’étais vraiment fascinée par eux, alors j’ai décidé que je devais apprendre la guitare. J’aimais beaucoup la musique et j’aimais l’approche des chanteurs, mais j’écoutais aussi du jazz et je me demandais : « Qu’est-ce qu’ils font ? Je ne comprends pas ce qui se passe. Comment peuvent-ils communiquer ? »

Avez-vous des guitaristes spécifiques que vous appréciez ?
M. R. : Je suis allée à un concert de Mars Volta et j’ai aimé la façon dont Rodriguez-Lopez jouait, parce que c’est une façon unique de jouer. Comme j’ai étudié le jazz, j’ai écouté beaucoup de guitaristes de jazz, comme Wes Montgomery et tous les classiques. Je suis fascinée par ça aussi.

Et parmi les guitaristes femmes ?
M. R. : Je connais Jennifer Batten du groupe de Michael Jackson. Et il y a aussi St. Vincent. Elle est incroyable. Je m’intéresse moins aux gens qu’à leur musique. C’est la musique qui me touche, ce qu’elle renferme. La personne qui joue, je ne sais pas si je l’aimerai ou non. Je préfère ne pas en savoir trop.

Votre musique et votre orchestre ont des influences notables. Certaines de ces influences viennent-elles de Frank Zappa ?
M. R. : Ce n’est pas conscient, parce que j’ai commencé à écouter Zappa quand des gens sont venus après notre concert et nous ont conseillé de l’écouter. Alors j’ai commencé à approfondir sa musique et j’ai senti qu’il pouvait y avoir un lien. Par exemple, il considérait la guitare en tant que guitariste et compositeur, et c’est ce que je suis. Nous pensons de la même manière.

Parlons des médias sociaux par rapport à votre créativité musicale ; quel rôle jouent-ils ?
M. R. : Au début, je dois l’avouer, je n’aimais pas ça, je ne voulais pas en faire partie. Je voulais juste faire ma musique et donner des concerts. Mais les gens ont besoin de vous connaître, il faut donc être présent sur les réseaux sociaux. J’ai commencé à poster des messages et j’ai trouvé ça génial de pouvoir entrer en contact avec des gens de différents pays, par exemple.

«Dans le groupe, nous avons de bonnes discussions. C’est important que tout le monde soit impliqué.»

Qu’est-ce que cela fait d’être une guitariste leader d’un big band ?
M. R. : Au début, je pensais former un trio de guitares, puis nous avons composé pour un big band à l’école. En fait, je n’étais pas du tout fan de big band. Mais j’ai essayé une autre façon de diriger l’orchestre, ce qui est très amusant. Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai appelé les autres musiciens et je leur ai dit : « Essayons ça, essayons d’autres choses ». Aujourd’hui, nous sommes tous amis et nous nous connaissons très bien. Je peux donc composer pour eux. Si, dans une chanson, j’entends une voix et qu’il s’agit d’un solo de flûte, je sais à qui je peux demander de jouer ce solo. Je veux aussi que le public découvre tous les musiciens, toutes les couleurs. Il ne s’agit pas seulement d’un solo de guitare, je veux qu’on puisse entendre toutes les personnalités et montrer que c’est beau.

Et ça doit être beaucoup de travail d’organiser ça.
M. R. : Nous sommes 18 sur scène (plus l’ingénieur du son et un chargé de production). Je m’occupe de vendre le groupe. J’ai déjà essayé de passer un contrat avec quelqu’un, mais en général on me répondait que le groupe était trop gros pour partir en tournée. Je continue à le faire moi-même et j’aime vraiment ça. Nous n’avons peut-être pas la plus grande tournée, mais ce n’est pas grave.

Pour en revenir à l’orchestre, il y a des musiciens qui ont leurs propres projets à côté ?
M. R. : Nous venons tous du jazz, nous avons tous des projets différents. Chaque membre du groupe a son propre groupe. Nous travaillons en parallèle. Et je connais chacun de mes musiciens, leurs points forts. Ces musiciens ne sont pas des machines, ce sont des êtres humains. Nous avons de bonnes discussions en coulisses et il est important que tout le monde soit impliqué.

Revenons à vous et votre performance. D’où vous viennent les idées ? D’où vous vient l’inspiration pour avoir de telles tenues ?
M. R. : Un peu comme pour la musique, en la composant, je cherche à quoi elle peut ressembler. Par exemple, pour « The Witch’s Song », je cherche une tenue de sorcière, avec une couronne de bois ou un gros bâton… Je joue avec ces idées et j’ajoute toujours des choses, je cherche toujours. Je vais sur Internet et je regarde. Je porte toujours une couronne de sorcière que j’aime bien. Et en ce moment, je porte un masque qui évoque un vampire, c’est fascinant. Et il y a un lien avec la nature, mais c’est peut-être aussi le pouvoir de la nature.

Quelles sont vos ambitions en dehors de la musique ?
M. R. : J’ai créé un petit label pour mon groupe, mais c’est à propos de la musique, en fait. J’aime bien faire du sport et de l’exercice. Je n’ai pas beaucoup d’ambition. Je fais ça pour m’amuser. Je me réveille le matin et je commence à faire quelque chose en rapport avec la musique. Et même si ça n’a rien à voir, je pense toujours à la musique.

Une publication
Jazz-Fun

Propos recueillis par Jacek Brun (Jazz-Fun.de)
Cet article est publié simultanément dans les magazines européens suivants, à l’occasion de « Groovin’ High », une opération de mise en avant des jeunes musiciennes de jazz et blues : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), Jazz-Fun (DE), Donos Kulturalny (PL), In&Out Jazz (ES) et Salt Peanuts (DK, SE, NO).