Jacopo Ferrazza : Fantàsia
Après avoir perfectionné l’apprentissage de son instrument notamment auprès de John Patitucci, le jeune (33 ans) contrebassiste romain Jacopo Ferrazza est devenu, au fil des années, un acteur de première vue de la scène jazz italienne et européenne. Sideman régulier du trompettiste Fabrizio Bosso et du compositeur de films Nicola Piovani, il a également collaboré avec de nombreux autres musiciens renommés, tels Dave Liebman, Paolo Fresu, Enrico Pieranunzi, Camille Bertault ou encore Florian Weber. Il a également enregistré de nombreux albums en tant que co-leader (Aut Aut, Norma Ensemble, ABC, …).
Ce « Fantàsia » est son 4ème album personnel, bien différent des précédents, après les deux albums (« Rebirth » en 2017 et « Theater » en 2019) en trio guitare-basse-batterie et son album de contrebasse solo (« Wood Tales ») sorti il y a un an. Pour ce nouvel enregistrement (le premier à sortir sur un tout nouveau label, Teal Dreamers Factory, co-dirigé par Jacopo Ferrazza), il est entouré du pianiste Enrico Zanisi (aussi aux synthés), du batteur Valerio Vantaggio, de la violoncelliste Livia De Romanis et de la chanteuse Alessandra Diodati.
Nous voici invités dans un monde poétique et fantastique, dans un brassage d’inspirations telles les musiques de chambre et électronique, pour finalement nous proposer un disque de jazz moderne, très personnel et extrêmement innovant. L’ambiance générale est des plus sereines, avec des croisements et dialogues fréquents entre le piano, le violoncelle et la contrebasse souvent jouée à l’archet. Vient s’ajouter la voix délicate et onirique d’Alessandra Diodati (déjà remarquée chez Paolo Damiani) qui intervient sur quasi tous les titres (l’album est très chanté : Ferrazza, qui a composé tout l’album, a écrit quasiment toutes les paroles, à l’exception d’un titre, écrit par Diodati) et qui donne à l’ensemble cet aspect poétique et magique. De temps à autre, cette sérénité est brusquement rompue, comme par ce solo enflammé de Fabrizio Bosso (trompette, invité sur deux morceaux) sur la plage titulaire.
Voici une œuvre bien singulière, qu’il est malaisé de classifier… c’est justement ce qui fait la force de ce disque, sa créativité, sa différence.