Jazz Brugge (17 au 19/11/23) : le Jazz du béguinage
Comme partout ailleurs, la Venise du Nord affichait une mine bien grise ce week-end-là… Mais vos reporters de JazzMania n’en avaient cure… Ils étaient à Bruges pour le jazz !
Après une trop longue absence – cinq ans tout de même ! – pour des raisons indépendantes de leur volonté, les organisateurs du Jazz Brugge ont retrouvé leur enthousiasme et leur public venu en nombre pour découvrir une programmation alléchante sur papier. Bruges, c’est la ville où chaque musicien (de jazz ou pas) rêverait d’être invité. Il y aura donc beaucoup de prétendants pour peu d’élus, à charges pour ceux-ci de tirer parti de cette belle invitation. Belges et étrangers, ce seront en tout une quinzaine de projets qui nous seront proposés, répartis sur trois jours de fête.
Ne pouvant vous parler de ce qu’on n’a pas vu (pour des raisons indépendantes, etc.), nous zapperons la journée du vendredi, réussie si on en croit les rumeurs glanées dans les couloirs du festival, Chris Joris et Bex Burch valant déjà à eux deux le coup d’oreille.
La seconde journée du festival a commencé en ce qui nous concerne lors de la prestation de Vitja Pauwels dans la coquette Kamermuziekzaal. Guitariste tout-terrain, aussi bien à l’aise dans une version pop que jazz de la musique, Vitja Pauwels a proposé un concert full solo lors duquel ses pieds ont tenu un rôle aussi important que ses mains… Effets (de sons) garantis ! Au même endroit et en fin de soirée, c’est un autre projet W.E.R.F. qui a été applaudi chaleureusement. Echoes of Zoo, emmené par un Nathan Daems en grande forme, nous ont offert un set tribal et énergique.
Entre-temps, côté grande salle, on a pu entendre les notes free de James Brandon Lewis (en quartet), la modernité et l’élégance de Yazz Ahmed et on a adoré le set poignant de la flûtiste/vocaliste Naïssam Jalal. Accompagnée de musiciens empathiques (dont le fantastique contrebassiste Claude Tchamitchian) la musicienne franco-syrienne nous a délivré ses fameux rituels qui conduisent à la guérison, à la paix, au bien-être. Pour beaucoup, le coup de cœur du festival !
Place au dimanche, sa balade matinale dans le béguinage, les traditionnelles garnaalkroketten au restaurant… et son retour vers le site du Jazz Brugge.
Horaires ferroviaires obligent, c’est avec le trompettiste / compositeur / chanteur / rappeur / comédien / séducteur Theo Croker que notre festival s’achèvera. À peine vingt minutes de retard (dans un programme hyperrespectueux des horaires) pour démarrer son concert… L’artiste progresse (cf. la bonne heure de retard prise lors d’un mémorable Festival Jazz à Liège où une bonne partie du public l’avait laissé en plan…). Toutefois, reconnaissons-le : talent monstrueux, musiciens impeccables, sens du show, répertoire accrocheur… On a adoré !
L’après-midi jazz avait démarré avec Nabou, l’étoile montante du trombone européen, entourée d’une belle section forte de … cinq (!) trombones et d’un trio basse / guitare / batterie capable de résister à la force des vents. Direction ensuite la Kamermuziekzaal où nous attendait le groove facile – et terriblement efficace – de la formation élargie Lucid Lucia. De quoi agiter les popotins alourdis par la Brugse Zot servie à la pompe.
Sophie Tassignon (Interview JazzMania) investissait la Concertzaal pour un concert consacré à l’album « Khyal » qui vient de paraître chez W.E.R.F., un exercice périlleux qui fusionne le jazz et le chant en arabe. De beaux moments de partage et d’émotion.
Mais il se fait tard et les trains n’attendent pas. Frustrés certes de ne pas avoir pu voir et écouter la performance « Dans Kapot », mais heureux d’avoir retrouvé ce beau et grand festival !