Jazz Station Big Band & Grégoire Maret : Live in Dinant
Ce « Live in Dinant », enregistré par la RTBF lors du Dinant Jazz Festival de 2017, nous fait découvrir le concert du Jazz Station Big Band, placé sous la direction de Stéphane Mercier avec, en invité exceptionnel, l’harmoniciste suisse Grégoire Maret. Après des études au Conservatoire de Genève, Grégoire Maret a gagné les Etats-Unis pour suivre les cours de la New School University. Outre Atlantique, il va croiser un nombre important de grands jazzmen : Herbie Hancock, Steve Coleman, Pat Metheny, Marcus Miller mais aussi des stars de la pop comme Prince ou Sting. Il a enregistré « Americana », avec Bill Frisell, « Whispers on the Wind » avec Randy Brecker et « Scenarios » avec Andy Milne. Par rapport au premier album du Jazz Station Big Band enregistré en 2011 pour Igloo, on retrouve, en grande partie, l’équipe de départ, issue d’un projet du trompettiste Michel Paré. Soit Stéphane Mercier et Daniel Stockar au saxophone alto et à la flûte, Jean-Paul Estiévenart à la trompette, David Devrieze au trombone, François Decamps à la guitare, Piet Verbist à la contrebasse. Sont venus se joindre au B.B., Steven Delannoye, en lieu et place de Fred Delplancq au ténor, Joppe Bestevaer au baryton, Serge Plume (du BJO) en remplacement de Jean-Pol Steffens, Edouard Wallyn et Laurent Hendrick (du BJO) au trombone et Toon Van Dionant à la batterie à la place de Herman Pardon. Au total, 14 musiciens entièrement dévolus à la masse sonore de l’orchestre. Au répertoire, trois compositions de Stéphane Mercier, une de François Décamps (« My Number One »), deux de Grégoire Maret (« Blueserinho » de l’album « Harp vs Harp », arrangé par Stéphane Mercier et « 26th of May » de l’album « Wanted » arrangé par Michel Paré). Enfin, passage en Belgique oblige, le célèbre « Bluesette » de Toots, dans un arrangement original de Stéphane Mercier (pour l’intro orchestrale) et Grégoire Maret pour le solo d’harmonica. Si on veut comparer l’ADN de Toots à celui de Maret, on pourrait dire que, entre un sourire et une larme, Toots propose une musique empreinte souvent de nostalgie, là où Maret opte avant tout pour un groove très marqué. Bel exemple, le thème d’ouverture « The Jazz Studio », avec une intro virevoltante de l’orchestre suivie du groove énergique de Maret en dialogue avec la masse sonore du Big Band. « My Number One » prend l’option pour un tempo plus apaisé, avec une belle intro d’harmonica suivie par l’ardeur de l’orchestre. Le thème de « Bluesette » est d’abord exposé par la contrebasse de Piet Verbist, suivi par un solo de soprano (Daniel Stokart) qui sert de rampe de lancement pour l’harmonica. « Blueserinho » débute par un solo vivifiant d’harmonica aidé par le clapping de l’orchestre. C’est seulement après deux minutes qu’intervient l’orchestre, avec un beau passage de trombone puis un solo de Maret. Sur « WGZFM » de Mercier, on retrouve toute la puissance groovy du Big Band, avec solo d’alto suivi par l’harmonica. « 26th of May » se rapproche plus de la ballade dans un dialogue constant entre harmonica et orchestre. « Don’t butt in Line » est de nouveau joué sur un tempo énergique, qui s’ouvre sur un solo de piano de Vincent Bruyninckx soutenu par une nouvelle séance de clapping. Ici, l’harmonica ne déboule qu’après la 4e minute avec une vraie envie de groove magnétique. Une belle rencontre entre un Big Band trop peu souvent mis à l’honneur et un soliste au tempérament fiévreux.
Claude Loxhay