Jazz Station Big Band : Palindrome

Jazz Station Big Band : Palindrome

Step By Records

Je ne vais pas vous faire l’injure de vous rappeler la définition du « Palindrome ».
Est-ce à cause de quelques formes symétriques et autres répétitions inversées ou est-ce une métaphore des influences croisées, du dialogue entre passé et présent qui émergent dans sa musique, que le Jazz Station Big Band a intitulé son dernier album de la sorte ? Possible. Ou peut-être pas. À vous de voir.
Possiblement plus influencé par les formes nouvelles – et peut-être plus inspiré d’un Big Band comme celui de Darcy James Argue que d’un Big Band traditionnel à la Count ou au Duke – le Jazz Station Big Band mélange les couleurs et les genres. Et c’est rafraîchissant. Il faut dire que chaque membre est libre d’amener sa composition et de la partager, de l’arranger et de l’improviser avec les autres. Ainsi, même si Stéphane Mercier joue au « chef » et trace malicieusement un fil rouge dans cet orchestre, on a droit à de beaux titres aux univers différents, tels ceux écrits par le guitariste François Decamps (« The Jazz Station Guy », « L’infiniment vert » ou encore le fabuleux et swinguant « Pyramide » qui offre au pianiste Vincent Bruyninckx et au tromboniste Hanne Debacker, l’espace pour s’envoler dans des impros merveilleuses). Daniel Stokart, lui, nous offre le titre éponyme « Palindrome », plus lyrique et plein d’allers-retours cachés (tiens, tiens ! ). Tandis que « Realm of Shade », qui ouvre et referme l’album, se la joue cinématographique (digne des polars américains des seventies), « Too Cool for School » qui se fait plus soul, et le très ouvert « Oblivion », qui laisse la part belle aux impros et dialogues improvisés entre alto et soprano, sont signés de la main experte de Stéphane Mercier. Ajoutez à cela un morceau de Keith Jarrett, arrangé par Steven Delannoye, ou une version de « Used to Love U » de Kanye West et John Legend, et vous comprendrez que ce jazz « va et vient », qui va partout, qui groove et swingue à l’endroit comme à l’envers, ne donne qu’une envie : le réécouter depuis le début.

Jacques Prouvost