Jean D’Amérique : Soleil à coudre

Jean D’Amérique : Soleil à coudre

« Une bougie pour éroder l’obscurité »; « Cogner… Importe peu le refuge des coups. »; « Echouer enfin sur le seuil du sommeil. » J’aime le langage de Jean D’Amérique. Ses mots couchés en mouvements ondulés, allégoriques. Peu importe si l’histoire est sombre comme une nuit d’hiver, son livre est arpenté de poésie, de tendres objectifs. Car sombre, le récit l’est, jusqu’aux retranchements les plus inavouables de son héroïne, Tête Fêlée. Tête Fêlée, narratrice du propos est une gamine qui vit dans un taudis de Port-au-Prince. Une mère alcoolique et prostituée, un père qui s’est suicidé le jour de sa naissance, un beau-père, « papa », escroc violent au service de L’Ange du Métal, un chef de gang impitoyable. Aucune lueur de pré-espoir ne serait perceptible tout au loin sans l’amour que Tête Fêlée porte éperdument à sa camarade de classe, Silence, qui appartient bien sûr à une classe sociale largement plus enviable. La violence, le non-droit, la corruption… Jean D’Amérique nous dresse le portrait d’un pays à l’agonie, Haïti, son pays d’origine. Il fait chanter les mots et nous rappelle, si on en doutait encore, qu’une lueur d’espoir ne peut se réfugier que dans notre cage thoracique. En haut à gauche…

Jean D’Amérique
Soleil à coudre
Actes Sud

15 €
ISBN : 978-2-330-14889-8
134 pages

Yves Tassin