
Johane Myran & Red Star Orchestra : La Marche du Chien Noir – hommage à Satie
Le Red Star Orchestra dirigé par Johane Myran est un big band français créé en 2009 et relativement peu vu chez nous. On se souviendra de son passage au Dinant Jazz Festival en 2012, où il accompagnait la chanteuse Olivia Ruiz sur des standards du jazz principalement (un disque était sorti à l’époque chez Polydor Universal) ; pour les mordus du Label Bleu, l’orchestre était aussi au programme des trente ans du label au Grand Théâtre de la Culture d’Amiens en 2016 avec Thomas de Pourquery au chant en invité, le projet « Broadways » sorti chez Label Bleu la même année, parcourra les festivals en France la même année. « La Marche du Chien Noir » est un hommage à Erik Satie, idée originale que de célébrer un compositeur réputé pour ses œuvres pour piano avec ici un orchestre de 18 musiciens. Doublement original puisque les compositions de Satie sont entrecoupées de « promenades », trois pièces de Johane Myran qui jalonnent le parcours de Satie dans Paris, entre « Montmartre » et « Arcueil ». De l’homme de Honfleur, on retrouve deux des quatre « Ogives », les Gymnopédies 1&3, la Gnosienne nr3, et une série de compositions moins connues. Ce parcours parisien a fait l’objet d’un spectacle animé qu’on espère voir un jour en Belgique.
Orchestre impressionnant avec ses quatorze souffleurs – trois trombones, un tuba, trois trompettes, deux sax, deux clarinettes, deux flûtes et un cor ! -, le « Red Star Orchestra » donne une étoffe d’une grande richesse à la musique de Satie, en colorant les compositions originales, tout comme les créations de fantastiques envolées qui touchent autant à l’intériorité de Satie qu’à son sens de l’humour. En ouverture – le mot peut prendre ici son sens classique – « Montmartre » démarre comme un cri et se prolonge en une œuvre contemporaine aux sonorités étranges. « Gymnopédies 1 » débute en douceur à la flûte et se clôture en cacophonie délicieusement préparée. Plus sobre « Gymnopédie 3 » s’ouvre sur un solo de sax-ténor sauvage que l’orchestre poursuit, alternant poussées de fièvre et apaisement. « Châtelet » est ébouriffant avec la guitare électrique et les riffs d’orchestre qui se terminent de manière abrupte, superbe ! Une promenade déjantée et très contemporaine dans l’univers de Satie qui vaut le détour.