Joke Lanz & Petr Vrba : Mutants in Siberia
L’histoire raconte que Petr Vrba et Joke Lanz se seraient rencontrés alors qu’ils faisaient l’un et l’autre la queue pour aller visiter le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Renonçant à la visite pour tailler une bavette autour d’une bonne soupe solyanka et d’une bouteille de rouge de Géorgie, ils auraient décidé de se lancer dans cette aventure sonore. Qu’elle soit véridique ou non, l’anecdote importe moins que ce disque qui en serait la séquelle improbable. Joke Lanz (de son vrai nom Thomas Lanz) est davantage connu à travers son projet Sudden Infant qui remonte à la fin des années 80 et dont la production discographique, tous formats confondus, souvent éditée par de très petits labels, est considérable. Maniant les platines vinyles avec une faconde impressionnante et docteur ès bruits, il a côtoyé à la fois des gens issus de la scène dite « industrielle » et expérimentale, tels Merzbow, Shelley Hirsch, Rudolf Eb.er, Günter Müller…, mais aussi des musiciens et musiciennes dont le nom nous est plus familier dans nos pages (Sophie Agnel, Derek Bailey…) Trompettiste tchèque, Petr Vrba est une des figures marquantes de la scène improvisée de Prague ainsi qu’en témoignent ses collaborations multiples et son ancrage au sein du Prague Improvisation Orchestra. L’album débute par des pièces courtes, voire très courtes, dont le morceau éponyme « Mutants in Siberia » pour ensuite s’ouvrir à des compositions plus longues. Ratures, ratages, collages, scratchages, chuchotages, plantages, vagabondages, fragments discursifs en ponctuent le cours. Un disque pour oreilles averties et tolérantes !
