John Helliwell : Ever Open Door
Challenge / New Arts International
La madeleine de Proust a un goût persistant qui peut vous rester en bouche de nombreuses années. Prenez Supertramp par exemple. Qui n’y pense pas encore, de temps à autre, en prenant un petit déjeuner gargantuesque (« Breakfast In America ») ou en conduisant les (petits) enfants à l’école (« School ») ? Il y avait la vedette (hors norme) du groupe : Roger Hodgson. Musicien complet, fantastique chanteur. Et les autres… Mais pas très loin, un saxophoniste dont finalement peu se souviennent du nom. John Helliwell était le bras droit du chanteur. Occasionnellement, il occupait le rôle de maître de cérémonie lors des concerts. Supertramp ! Un groupe qu’il avait accepté de rejoindre en 1973, après avoir connu un petit succès au sein de la formation The Alan Bown Set. John Helliwell a mis à profit une pause-carrière durant les années nonante pour étudier la musique un peu plus « sérieusement », avant de se tourner vers le jazz en fondant le Super Big Tramp Band (inutile de vous faire un dessin…). Et le voici, à septante-cinq ans, qui se lance dans une carrière solo. N’allez pas imaginer un seul instant que notre homme souhaite avec cet album lancer des coups de pieds à la volée dans la fourmilière. Non, « Ever Open Door », c’est une série de douze ballades avec, en vedette, le saxophone ou la clarinette basse de John Helliwell et, pour le soutien, l’orgue Hammond de John Ellis ainsi qu’un quatuor à cordes (le Singh String Quartet). Le tout mis en forme par Andy Scott. Au menu, des compositions de ses anciens amis de Supertramp (Mark Hart, Roger Hodgson), mais aussi de Peter Gabriel, Paolo Fresu et quelques traditionnels. Rien de révoltant, juste un regard furtif posé tranquillement sur un passé romantique.
Yves « JB » Tassin