Johnny Hunter, Dee Byrne, Chris Sharkey & Michael Bardon : Now It Can Be Told

Johnny Hunter, Dee Byrne, Chris Sharkey & Michael Bardon : Now It Can Be Told

Discus

C’est à l’initiative du batteur / compositeur Johnny Hunter que cette formation a vu le jour. Après des années au sein du groupe post rock anglais Leda Atomica (dans la lignée Mogwai, Tortoise, Godspeed You ! Black Emperor), le musicien s’est tourné vers le jazz et la musique improvisée. Dans ce nouveau groupe, il marque un retour vers ses années 2000 à Manchester et convoque à nouveau le post rock en lui insufflant une base portée par les drones, qui développe l’imagination, et l’emporte vers des terres étranges. Mais le jazz qui l’a accompagné ces dernières années, il l’intègre avec bonheur dans ses compositions. Qu’il joue accompagné de Dee au saxophone alto, de Chris à la guitare et Michael à la basse. Chaque musicien utilise en plus des effets spéciaux, ce qui apporte une touche relativement originale à leur fusion entre post-rock et free-jazz. Après une prestation live à Liverpool, un critique anglais a décrit leur concert comme « un set imaginatif, un bebop du 21ème siècle mixé avec des échos électroniques ». L’album, de quatre plages, débute avec un long et magnifique « Part I » de 26 minutes. Il est découpé en passages free, en captivantes interventions du saxophoniste, en roulements de batterie, en cacophonies intenses, mais aussi en apaisements. « Part II » reçoit quelque peu les mêmes approches, mais les effets en soutien prennent plus d’importance. Si l’on parvient à s’imprégner, à se concentrer pendant douze minutes, on peut y discerner comme la superposition de deux œuvres. Une expérience vraiment détonante, perturbante. « Part III » débute sur un mode jazzy puis le morceau plonge dans un post-rock dense, envoûtant, teinté de psyché jazz. Un brassage sonique qui sera calmé par un duo mélodique sax / guitare. Pour la dernière plage « Part IV : Little One » le groupe est renforcé par un second guitariste (Anton Hunter) et pendant onze minutes, nous allons entendre ce que je considère comme le sommet du disque. Une sombre mélopée, intrigante, cosmique et pourvue de secousses. Un trip spatial qui convie nombre d’effets spéciaux, maltraités par intermittences, par un sax free. Une superbe plage atmosphérique, complexe, un brin progressif, qui clôt un album vraiment « autre » et passionnant. Superbe découverte.

Claudy Jalet