Julien Tassin & Patrick Steenaerts : Duality

Julien Tassin & Patrick Steenaerts : Duality

Après ses disques solo, ses CD en trio et de petites incursions dans le rock avec run SOFA , le guitariste Julien Tassin signe un album en duo en compagnie d’un nouveau partenaire, Patrick Steenaerts.

Tassin & Steenaerts © Perry Schrijvers

Tassin cherchait-il d’autres voies ou était-ce juste un heureux concours de circonstances, cet enregistrement avec Patrick Steenaerts (Yevgueni, Kameel, Neeka) ? « Notre première rencontre a tellement bien cliqué qu’une suite nous a semblée logique. Il y eut encore quelques représentations et ce CD en est le compte rendu », dixit Tassin.

«On ne parle pas beaucoup mais on laisse tout venir à nous.»

Méditer

Sur l’astucieuse photo de couverture, il semble que les deux guitaristes méditent concernant leur prochaine étape. « Cette image a été choisie par le photographe Perry Schrijvers et résume notre méthode de travail. On ne parle pas beaucoup, mais on laisse tout venir à nous. En laissant suffisamment d’espace à l’improvisation, cela nous arrive facilement », poursuit Tassin.

Pour découvrir les titres, cela demande dans un premier temps un peu d’attention et de concentration. Autre choix conscient : le texte du livret semi-cryptique sur une sensation du temps et des thèmes profonds supplémentaires, également suggérés par le photographe.

Tassin & Steenaerts © Perry Schrijvers

Jeu de rôles

Avec deux guitaristes à bord, il est facile de tomber dans le jeu de rôle du soliste et de l’accompagnateur. Pas avec eux, dit Steenaerts. « Nous nous complétons sans distinction. L’interaction a lieu entre des personnes aux vues similaires. Bien sûr, il arrive parfois que l’un de nous soit plus à l’avant-plan, ce n’est pas la règle mais plutôt l’exception ».

La mélodie prévaut

Au final, « Duality », ce sont dix chansons : cinq de Tassin, deux de Steenaerts, une adaptation de « Caroline, No » (extrait de « Pet Sounds » des Beach Boys) plus une petite surprise. Avec « Caroline », il y a un lien avec l’attrait de Tassin pour les mélodies pop dans un style aux lignes claires, bien qu’ici l’empreinte de l’americana prédomine, ceci avec de légers accents surfs.

Il est presque inutile d’ajouter que pour le reste, les lignes mélodiques acoustiques constituent le fil conducteur de « Duality ». Le duo y ajoute de minuscules détails comme décoration. Par exemple, « Compassion » sonne comme un arrangement d’un classique folk. L’influence des Beatles ne peut être ignorée dans « Für Gerlinde » (qui se retrouve également sur « Barkas » de Kameel). La plage titulaire s’inscrit également parfaitement dans un répertoire rock.

Tassin & Stenaerts © Perry Schrijvers

Distorsion et sacrilège

« Classico » penche indéniablement vers « Tubular Bells » de Mike Oldfield, tandis que des ruptures de style et des touches avant-gardistes sont insérées dans « Distorted ». Elles reviennent dans « Chasm » et dans le perturbant « Les Pluies Noires » que Tassin a écrit à la suite des fortes tempêtes et inondations d’il y a deux ans.

Comme mentionné ci-dessus, une petite surprise s’insère entre les deux, à savoir « Gymnopédie N°. 1 » d’Erik Satie, qui a fait l’objet d’un clip enregistré devant un feu crépitant. Probablement un sacrilège pour certains, alors que pour eux, c’est une raison d’accentuer et de développer davantage la ligne mélodique sous-jacente. Enfin, le duo achève l’album comme deux philosophes qui réécoutent leur travail avec satisfaction (« Azur »).

Label et concerts

« Duality » est sorti sur le label et la plateforme Ramble Records, qui se concentre sur la sortie et la distribution d’éditions spéciales en nombres limités de ce qu’ils décrivent comme « une musique de niche ». Le catalogue présente des œuvres d’Acid Mothers Temple, Albert Ayler et Alice Coltrane, entre autres. Tassin s’est retrouvé là alors qu’il cherchait un label pour son album solo « Primitiv ».

Des représentations ont déjà eu lieu, dont une session Time Out pour Radio 1 et une prestation très réussie au Musée Charlier de Bruxelles (13/12/22). Cela a déjà permis de constater à quel point Tassin et Steenaerts se complètent parfaitement et peuvent même nous surprendre de temps en temps. Ils préparent déjà de nouvelles aventures. « Peut-être que nous ne jouerons pas du tout de guitare sur notre prochain album », ajoute Steenaerts avec un petit sourire.

Une collaboration Jazz’halo / JazzMania

Julien Tassin & Patrick Steenaerts
Duality
Ramble Records

Chronique JazzMania

Georges Tonla Briquet (Traduction libre : Luc Utluk)