Kaan Celen : Na-zi-le
Rick Allen, le batteur du groupe de heavy metal anglais Def Leppard, a perdu l’usage de son bras gauche dans un accident de la route dans les années 80. Pour lui permettre de rester actif, il a pu compter sur la renommée du groupe et bénéficier d’une batterie personnalisée ! Le batteur turc Kaan Celen est lui aussi invalide du bras gauche et c’est uniquement grâce à un physiothérapeute qu’il est devenu musicien. Ce médecin l’a introduit et guidé vers la musique. D’abord la musique classique turque, ensuite vers le vaste monde du jazz. Et sa maman, Nazile, qui donne le titre à ce premier cd, l’a toujours encouragé avec des mots tels que « Tu peux le faire, tu le feras ». Pour la réalisation de cet album, Kaan s’est entouré d’un saxophoniste, d’un trompettiste, d’un pianiste et d’un contrebassiste. Cinq des compositions émanent de trois de ces musiciens, l’autre titre étant une reprise du standard « Jive Coffee » de Peter Bernstein. Le quintet nous propose un jazz relativement calme, mélodique, un jazz « de salon » sur lequel les instrumentistes prennent le lead à tour de rôle sans faire grand étalage de leur virtuosité bien réelle. Chacun assumant sa part dans la composition et son développement. J’ai particulièrement aimé les échanges croisés entre le piano et les cuivres et vu le style proposé, nous ne remarquons nullement le handicap du batteur qui déclare toute sa gratitude envers ces musiciens et ceux qui l’ont soutenus et aidés dans la réalisation de cet album. Qui n’est peut-être pas incontournable mais démontre qu’avec obstination on peut arriver à ses fins. Bravo à l’artiste et à ceux qui lui ont donné sa chance. Cela lui a aussi permis de jouer avec de nombreux musiciens turcs à Istanbul et dans d’autres villes du pays. Et même de donner un concert en Grèce. Et d’envoyer un cd dédicacé à JazzMania !