Laurent Dehors & Matthew Bourne : A Place that Has no Memory of You

Laurent Dehors & Matthew Bourne : A Place that Has no Memory of You

Emouvance

Laurent Dehors a rencontré Matthew Bourne, avec ses complices de Trio Grande, soit Michel Debrulle et Michel Massot, lors d’un festival en Grande-Bretagne, au cours duquel le pianiste britannique se produisait en solo. Son côté avant-gardiste, son énergie comme son inventivité et sa technique très personnelle intégrant des samples, avaient séduit les trois « mousquetaires ». Cette rencontre a débouché sur deux albums Trio Grande + Matthew Bourne : « Un Matin plein de promesses » en 2007 et « Hold the Time » en 2011. En 2012, Laurent Dehors décide de rejouer avec le Britannique : ensemble, ils enregistrent le duo « Chansons d’amour ». Et maintenant voici, huit ans plus tard, « A Place that Has no Memory of You », un album qui permet de découvrir un autre aspect de la personnalité du Normand. Connu, à l’époque de Tous Dehors ou Trio Grande pour son exubérance joyeuse, son poly-instrumentisme débridé qui lui permettait de mettre en évidence sa personnalité extravertie, il explore ici une facette plus intime, un côté plus sensible. Plus de multi-instrumentisme, mais un recentrage sur la clarinette basse et toutes ses potentialités. Au répertoire, trois compositions de l’un, trois de l’autre et neuf compositions-improvisations coécrites, parmi lesquelles le titre éponyme, plage de près de 9 minutes, alors que les autres sont beaucoup plus courtes. Cela débouche sur une série de thèmes à l’atmosphère apaisée (« Voix », « Je pense à toi », « Asphyxia », « Traces », « Thème de Salomé »), d’autres au tempo plus vif, comme « M2 », avec parfois, une sonorité déchirée de la clarinette (« Outré 3 ») ou un côté orientalisant avec piano préparé (« Outré 1 », « Outré 2 ») et, ailleurs, un jeu sur les clés de la clarinette (« From Nature to Robot »). Le dialogue est constant, même si chacun a son espace de solo : clarinette basse sur « Soliloquy » ou piano sur « Knight Owl ». Une sorte de « communion empathique » comme le dit Jean-Paul Ricard dans le livret. Notez encore une prise de son impeccable réalisée par Gérard de Haro aux Studios La Buissonne et de belles photos au sein du livret.

Claude Loxhay