Keeley Forsyth : Limbs
Des ovnis musicaux, JazzMania vous en a déjà fait découvrir quelques-uns… C’est d’ailleurs un objectif chez nous ! En voici un de plus, un beau ! On peut bien évidemment citer quelques références qui permettent une géolocalisation. Comme cette voix androgyne qui peut, à certains moments, évoquer celle d’Anohni (aka Anthony and the Johnsons), ou Nico (Keeley compose ses chansons à l’harmonium), et même Dead Can Dance, pour ce mélange puissant de cordes et de claviers. Mais en vérité, la musique et l’univers personnel de Keeley Forsyth sont uniques, incomparables à d’autres univers connus jusqu’alors. Dans ce cas, faute de mieux, on utilise le qualificatif « expérimental », on vous parle d’avant-garde… Mais ce n’est pas ça non plus. « Limbs » n’est que le deuxième album de l’actrice anglaise Keeley Forsyth, arrivée sur le tard dans la musique. Il suit de deux ans « Debris », enregistré dans des conditions similaires, alors qu’elle a déjà quarante ans. « Limbs » se décline en huit chansons pâles et chétives, étalées sur moins de trente minutes au chrono, ce qui vous permettra de vous le repasser une deuxième fois de suite, en restant plongé dans cette atmosphère certes (un peu) dépressogène. Pratiquement pas de rythme, juste une voix essoufflée et des nappes de claviers & cordes. Mais d’une beauté déchirante, avec une interprétation bouleversante.
A nouveau mis en sons par Matthew Bourne (oui, celui que l’on retrouvait aux côtés du Trio Grande il y a dix ans, ou de Laurent Dehors – « A Place that Has no Memory of You » il y a deux ans), « Limbs » porte son fardeau de textes sombres… « Laisse-moi juste m’effacer » supplie-t-elle du bout du souffle (« Wash »). On peut s’étonner que David Lynch ne l’ait pas encore découverte… Mais ça ne peut tarder !