Label Bleu, 30 ans, déjà !

Label Bleu, 30 ans, déjà !

Amiens

30 ans de Label Bleu, 50 ans de Maison de la Culture

Du 3 au 5 mars, Label Bleu, une des maisons de disques les plus dynamiques en France, fête son 30ème anniversaire avec une succession de concerts de prestige, au sein de la Maison de la Culture d’Amiens mais aussi au travers de la sortie de différents albums : “Sky Dancers Sextet” d’Henri Texier, chroniqué dernièrement, ou “Broadways” du Red Star Orchestra, featuring Thomas de Pourquery au chant. Petit regard dans le rétroviseur et perspective pour le futur.

Deux aventures singulières, deux exemples de créations vivantes.

Label Bleu – Maison de la Culture d’Amiens: même combat.

Porteur d’une véritable politique culturelle, denrée devenue rare en nos temps de “crise”, André Malraux lance, dans les années 1960, un vaste projet de Maisons de la Culture. Conscient de vivre une véritable mutation de société – la naissance d’une civilisation des loisirs -, le Ministre d’État a bien compris qu’il fallait nourrir ce “temps vide”, cette période de vacance(s) : quoi de mieux que la culture,  l’art, cet “anti-destin” ?

Nous savons tous que nous sommes en face d’une civilisation nouvelle… La Culture, c’est ce qui répond à l’homme quand il se demande ce qu’il fait sur terre… L’imaginaire séculaire, c’est probablement l’anti-destin.(Malraux, Discours d’inauguration de la MCA). 

www.maisondelaculture-amiens.com

Les premières maisons de la culture s’ouvrent dans des bâtiments existants:  Le Havre, Caen, Bourges, l’Est Parisien. Par contre, le premier édifice spécifiquement construit pour être un tel lieu de rencontres culturelles sera la Maison de la Culture d’Amiens, il y a tout juste 50 ans. Inaugurée par Malraux lui-même, le 19 mars 1966, la MCA se veut “Centre européen de création et de production”. En cette année inaugurale de 1986, se succèderont Macbeth de Shakespeare, dix chefs-d’œuvre du Louvre, Jean-Louis Barrault, Patrice Chéreau et… Thelonious Monk et, dès les années 1980, sous l’impulsion de Michel Orier, le Festival de Jazz d’Amiens voit le jour.

Sur la foulée, s’ouvre, au sein-même de la MCA, un studio d’enregistrement dont les productions sont, dans un premier temps, distribuées par différents labels indépendants et, en 1986, Michel Orier propose au directeur de la MCA l’idée de constituer, toujours au sein-même de l’institution, un label de jazz d’un genre nouveau:

Tout de suite, j’ai cherché à faire de Label Bleu une maison de disque au sens propre du terme, c’est-à-dire un endroit où les musiciens puissent se sentir véritablement et pleinement chez eux, avec la certitude de pouvoir travailler dans les meilleures conditions et sur la longue durée” (M. Orier) 

Label Bleu: une vitrine du jazz français et européen.

Dès sa création, Label Bleu se présente comme la “maison du jazz français” mais sera aussi une extraordinaire vitrine du jazz européen, sans pour autant négliger les musiciens américains, de Joe Lovano à Dewey Redman ou encore Steve Coleman.

Le premier disque sera “Goyone 2” du pianiste Daniel Goyone avec Richard Galliano, suivra, toujours en 1986, “Paris-Batignolles” d’Henri Texier, en compagnie de Joe Lovano, Louis Sclavis, Philippe Deschepper et Jacques Mahieux. Fidèle à ses musiciens comme à son label, le contrebassiste enregistrera ensuite “Colonel Skopje”, en 1988, avec Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow et Aldo Romano, puis tous les albums de son Azur Quartet et Azur Quintet, du Sonjal Septet, Strada Sextet, Red Route Quartet, Nord-Sud Quintet, Hope Quartet et de l’actuel Sky Dancers Sextet : Henri Texier est un maître de cérémonie tout désigné pour fêter les 30 ans du label. 

Dès le début, toute la vitalité de la jeune scène française s’affichera sur le Label Bleu: Marc Ducret (“La théorie du pilier” en 1987, “Le Kodo” en 1988, “Gris” en 1990), Andy Emler (“MegaOctet” en 1990), Michel Benita (“Préférences” puis “Soul”, avec Dewey Redman), Michel Portal (“Men’s Land”, “Any Way”, “Dockings”), Aldo Romano (“Palatino”), Jean-Marie Machado (“Blanches et noires”), Bojan Z (“Xenophonia”, “Yopla”), Julien Lourau (“The Rise”), Louis Sclavis (“Ceux qui veillent la nuit”), Jean-Paul Celea et François Couturier (“Passaggio”), Jean-Marc Padovani et Enzo Corman (“Mingus Cuernavaca”), le trio Humair-Jeanneau-Texier (“Up Date 3.3”), le trio Romano-Sclavis-Texier (“Carnet de routes” et “Suite africaine”, deux coffrets avec livret de photos de Guy Le Querrec réalisées lors de périples en Afrique). C’est aussi sur Label Bleu que seront enregistrés les premiers albums de l’Orchestre National de Jazz : ceux de François Jeanneau (“ONJ ’86”), d’Antoine Hervé (“African Dream”), de Denis Badault (“Monk, Mingus, Ellington”, “A plus tard”, “Bouquet final”) de de Claude Barthélemy (“Jack-Line”). D’autres larges ensembles opteront pour Label Bleu : l’Orchestre de contrebasses (“Les cargos” en 1991, avec Yves Torchinsky, Jean-Philippe Viret et Renaud Garcia-Fons) ou le Red Star Orchestra (“Broadways”) 

Les jazzmen européens ne sont pas oubliés : les Italiens Enrico Rava (“Rava l’opéra va”, “Quatre” avec Franco D’Andrea, Miroslav Vitous et Daniel Humair, “Gris” avec Marc Ducret), Paolo Fresu (“Palatino”), Rita Marcotulli (“The Woman Next Door”, “Préférences” et “Soul” de Michel Benita), Stefano Di Battista et Flavio Boltro (“Volare”), Stefano Bollani (“Les Fleurs bleues”), l’Allemand Joachim Kuhn (“Famous Melodies”, “Usual Confusion”, “Abstracts”), l’Anglais Andy Sheppard (“Lower The Walls” de Michel Benita) mais aussi les Belges David Linx (“Up Close” avec Diederik Wissels, “Lower The Walls” de Benita), Eric Legnini (“Big Boogaloo”, “Volare” de Di Battista), Michel Massot (“MegaOctet” d’Andy Emler, “Reflections” de Christophe Marguet).

Les Américains sont aussi souvent sollicités: Joe Lovano (“Worlds” en 1989, avec Tim Hagans, Bill Frisell, Judi Silverman, Gary Valente, Paul Motian et Henri Texier), George Russell (“It’s About Time”), Dave Liebman (le trio Celea-Liebman-Reisinger), Jerry Bergonzi (“Edges” de Daniel Humair) ou Steve Coleman (“Resistance Is Futile”, “On The Rising Of The 64 paths”, “Lucidarium”).

Dès 1992, soucieux de s’ouvrir aux nouvelles formes de musiques venues du monde entier, Michel Orier crée la collection Indigo : y figureront Rokia Traoré (invitée le 5 mars lors des concerts anniversaires), Ballaké Sissoko (Dély”), Boubakar Traoré (“Sa Golo”), Djelimady Toukara (“Djely Blues”). Par la suite, viendra la collection Bleu Electric dédiée aux nouvelles scènes électro-pop (Vincent Segal, Piers Faccini).

Avec la crise du disque, le label connaîtra quelques aléas : en 2007, l’entreprise est mise en veille pour un temps, mais le label reprendra ensuite des couleurs avec la rénovation de son studio d’enregistrement. Aujourd’hui, sous la direction artistique de Gilbert Fillinger et Benoît Delaquaize, Label Bleu prend un nouveau départ avec les albums de David Krakauer (“The Big Picture”, octobre 2015), Das Kapital, le trio d’Edward Perraud, Daniel Erdmann et Hasse Poulsen (“Kind Of Red”, novembre 2015), le Sky Dancers Sextet (février 2016) ou le Red Star Orchestra (mars 2016). 

Autre projet d’ampleur: Label Bleu va sortir 3 coffrets de 10 vinyles: 30 ans de jazz, 30 albums qui ont marqué l’histoire du label. Coffret 1: sortie le 4 mars. Les musiciens: Henri Texier, Daniel Goyone, Michel Portal, Bojan Z, Enrico Rava, Stefano Bollani, Stefano Di Battista, George Russell, David Krakauer, Rokia Traoré.

Coffret 2: sortie prévue au printemps. Les musiciens: Michel Portal, Marc Ducret, Palatino, Rita Marcotulli, Joachim Kuhn, Bojan Z, Julien Lourau, Magic Malik, Passaggio, Super Rail Band. Coffret 3 : sortie prévue à l’automne. Les musiciens : Eric Legnini, Thomas Enhco, Louis Sclavis, Romano-Sclavis-Texier, Henri Texier, Boubacar Traoré, Djelimady Tounkara, Ballaké Sissoko, Jaojoby, The Very Experimental Toubifri Orchestra.

Claude Loxhay

 

Tendance Jazz: Label Bleu fête son 30ème anniversaire.

Trois soirées de concerts sont prévues pour célébrer dignement cet anniversaire.

Le jeudi 3 mars
Grand Théatre de la Maison de la Culture (20h30), Henri Texier invite cinq figures marquantes du label : Michel Portal, Thomas de Pourquery, Bojan Z, Manu Codjia et Edward Perraud.

Le vendredi 4 mars
Petit Théâtre (19h00), le Sky Dancers Sextet d’Henri Texier, avec Sébastien Texier, François Corneloup, N’Guyên Lê, Armel Dupas et Louis Moutin.

Grand Théâtre (21h00), le Red Star Orchestra, feat. Thomas de Pourquery (chant), direction Johane Myran.

Le samedi 5 mars
Grand Théâtre à 21 heures, Rokia Traoré, en compagnie, notamment, de Bintou Soumbounou (chant) et Mamah Diabé (n’gono), puis fête de clôture avec DJ.

 

Label Bleu & La Belgique