Lars Danielsson, Verneri Pohjola & John Parricelli : Trio

Lars Danielsson, Verneri Pohjola & John Parricelli : Trio

ACT Music / Château Palmer / New Arts International

Cet album est le produit d’une collaboration entre le label allemand ACT Music, fondé par Siggy Loch en 1992, et le Château Palmer, un domaine viticole historique situé à Cantenac en Gironde, dont le directeur Thomas Duroux est un passionné de jazz. Après tout, le jazz et la vinification ont bien quelques attributs en commun, ne serait-ce que le respect de la tradition mêlé à un constant enrichissement sans parler de la faculté qu’ont ces deux formes d’art de pouvoir nous transporter dans les endroits les plus inattendus. Quoi qu’il en soit, après le duo de Michael Wollny & Joachim Kühn, voici le trio Danielsson / Pohjola / Parricelli qui constitue la seconde production conjointe entre ces deux institutions. La musique du contrebassiste suédois Lars Danielsson est délicate, très proche de la musique de chambre. Son collaborateur de longue date, le guitariste britannique John Parricelli, lui offre comme d’habitude un soutien sans faille : ses ornementations acoustiques sur une guitare de rêve dessinée par le luthier espagnol Manuel Bellido amplifient la sérénité de la musique. Quant au nouveau venu, le trompettiste finlandais Verneri Pohjola, il a adapté le timbre en velours de sa trompette aux thèmes qui lui étaient proposés, ajoutant à l’occasion une pincée de groove cuivré (« Playing with the Groove ») et contribuant au répertoire par une composition originale (« Peu d’Amour ») d’un classicisme inspiré. N’importe laquelle des douze plages pourrait illustrer la finesse et le génie musical de ce trio, mais il suffira d’écouter cette subtile reprise émotionnelle de « La Chanson d’Hélène » que Philippe Sarde composa jadis pour le film « Les Choses de la vie » de Claude Sautet : les qualités lyriques et expressives des trois instrumentistes y sont à leur apogée.

Je ne saurais dire si cette collaboration aura profité au vin (on dit que les plantes apprécient la bonne musique) mais le jazz, lui, en a clairement bénéficié. Rassemblés dans un salon pourpre du château, dos aux fenêtres qui donnent sur les vieilles vignes du plateau des Brauzes, les musiciens ont joué live, plus concentrés que jamais, tandis que le son bénéficiait d’une splendide réverbération naturelle, feutrée par les rideaux, les tapis et le papier peint. Pour un disque comme celui-ci, il aurait été impossible d’imaginer un environnement plus profitable. Entre alchimie sonore et étincelles musicales, cet album hors du commun est tout simplement magique !

Pierre Dulieu