Rodolphe Burger : Avalanche

Rodolphe Burger : Avalanche

Dernière bande

De vous à moi – ainsi démarre d’ailleurs « L’inattendu », première chanson de l’album – j’ai toujours apprécié Rodolphe Burger. Nous avions un ami commun, Jean-Marie Mathoul. Mais qui n’a pas été l’ami de Jean-Marie, l’homme qui a dirigé durant de longues années le vaisseau interstellaire 48 Cameras ? Bref, j’ai rencontré Rodolphe Burger dans une chambre d’hôtel à Bruxelles où on m’avait confié la mission d’interviewer le groupe strasbourgeois Kat Onoma pour remplir les pages d’un magazine de rock. Avec l’autre tête pensante du groupe, Philippe Poirier – lui aussi un élément de la galaxie Mathoul – nous avions bien entendu davantage parlé de notre ami commun que du dernier opus pour lequel le groupe venait assurer la promotion… Ce qui n’avait manifestement pas plu à leur attachée de presse. On s’en foutait un peu. J’ai le souvenir d’un homme d’une taille incommensurable… Mais qui ne vous prenait néanmoins pas de haut. L’humilité et la gentillesse dont faisaient preuve Poirier et Burger n’ont sans doute pas aidé leur groupe à atteindre les sommets du rock hexagonal. Pour cela, il vaut mieux s’appeler Nicola Sirkis sans doute. Mais c’est une autre histoire… Kat Onoma ! Le groupe le plus sous-estimé qui soit, qui fut (écoutez en priorité leur reprise obsédante de « Radioactivity »). Lassés de se voir coller des étiquettes de « groupe intello » sur leurs flight cases, ils abandonnèrent l’affaire pour démarrer des carrières en solo, duo, etc. Que voulez-vous ? Citer Beckett, Shakespeare ou Jack Spicer dans une chanson ne semblait pas être compatible avec l’accomplissement d’une carrière réussie dans le rock. Ni d’ailleurs, choisir une locution grecque pour donner un nom à un groupe… Les textes étaient souvent rédigés par des écrivains : Pierre Alferi, Olivier Cadiot, … et même plus tard Eugène Savitzkaya (encore un effet domino que l’on devait à Mathoul…).

Tout ceci pour vous confirmer que j’aime bien Rodolphe Burger. Comme j’aime Bashung (qui a collaboré avec Burger) ou comme j’aime Marcel Kanche (qui aurait dû collaborer avec Bashung). Trois univers pas trop éloignés les uns des autres… Trois chemins qui s’enfoncent dans une brume matinale. J’aurais pu utiliser cet espace pour vous dire que le dernier album de Burger est magnifique (ce qui est vrai de surcroît), revenir sur les points essentiels de la note biographique qui accompagne ce disque. A savoir, que l’album est dédié à son ami Pierre « Thomas Lago » Alferi qui nous a quittés il y a quelques mois. Que cette « Avalanche » a été déclenchée à l’initiative du duo d’instrumentistes suisses Christophe Calpini et Blaise Caillet. Que certains textes rendent hommage à Dylan Thomas, au psychiatre Ronald Laing, à Conrad Aiken, … Toutes ces choses que vous auriez rapidement oubliées. Mieux que cela, j’ai souhaité que vous fassiez connaissance avec l’homme. Dorénavant, seule la curiosité vous permettra d’aller plus loin dans la découverte de son œuvre…

A ce sujet, vous ai-je dit que j’aimais beaucoup Rodolphe Burger ?

Yves Tassin