Le dossier Intervalles du mois ‐ Février : George Clinton et le P-Funk #3
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte.
Le dossier est lourd, la matière est riche. Voici l’Histoire d’un petit coiffeur américain qui rêvait de fonder un groupe de doo-wop et qui finira par poser les bases de l’empire P-Funk. George Clinton : ses coups de génie, ses frasques…
1. Parliament : Flash Light (« Funkentechely vs. The Placebo Symbole » ‐ Casablanca
On aborde cette fois le troisième volet des aventures du P-Funk, les téméraires aventures engagées par un véritable frapadingue dès les années soixante, j’ai nommé le seul, le véritable George Clinton. Pour rappel, les deux épisodes précédents de votre feuilleton P-Funk sont disponibles en podcast sur JazzMania : premier épisode et deuxième épisode. Bref, nous en étions restés à l’époque faste de George Clinton, la seconde moitié des années 70. Et on poursuit toujours selon le principe du ping-pong, un coup Funkadelic, un coup Parliament. Parliament qui sort, fin 1977, le troisième volet des aventures de Starchild, mandaté par le Docteur Funkenstein pour répandre le bon P-Funk sur Terre. Titre de cet album à acquérir dans sa version vinyle avec bande dessinée de huit pages et poster géant : « Funkentelechy vs. the Placebo Syndrome ».
2. Bootsy’s Rubber Band : Hollywood Squares (« Bootsy ? Player of the Year Award ») ‐ Warner Bros
Et nous voici début 1978. Comme nous l’avions pressenti, c’est Bootsy Collins, le bassiste, qui titre le mieux son épingle du jeu. Particulièrement choyé par le boss qui produit son nouvel album, son troisième déjà : « Bootsy ? Player of the Year Award ».
3. Fuzzy Haskins : Not Yet (« Radio Active ») ‐ Westbound
Toujours avec les mêmes objectifs – faire danser les gens et faire gonfler son compte en banque – Clinton multiplie les projets. Notamment Parlet, un concept qui réunit trois choristes formant en quelque sorte la version féminine de Parliament. Mais c’est de nouveau vers le dissident Fuzzy Haskins que nous nous tournons. Deuxième album déjà pour lui, « Radio Active » et, peut-être à part lui-même, personne ne sait qu’il s’agit déjà de sa dernière œuvre. Dans la foulée, Fuzzy Haskins quitte en effet la musique pour devenir prédicateur.
4. Quazar : Funk’n’Roll (« Quazar ») ‐ Arista
Entre temps, la bande à Clinton continue à perdre des éléments. Outre Haskins, rappelons le limogeage de Glenn Goins, qui a décidé de monter un groupe en compagnie de Jerome Brailey, le batteur de Parliament. Ce qui suit tient du mélodrame et de la science-fiction. Sous le nom de Quazar, Glenn Goins enregistre avec ses amis dans le studio de l’ancien label de Clinton, Westbound. Mais c’est avec un autre label, Arista qu’il conclut un contrat. Résultat : il vole ses propres bandes magnétiques et tente de s’échapper, mais il est rattrapé à l’aéroport, ce qui lui coûtera au terme d’un procès rapide, la somme de 85.000 dollars pour pouvoir commercialiser ses enregistrements. Pire, il n’en entendra pas une note ! « Quazar », l’album éponyme, sort finalement peu de temps après de décès de Glenn Goins, emporté à l’âge de vingt-quatre ans par un cancer fulgurant.
5. The Brides of Funkenstein : Funk or Walk (« The Brides of Funkenstein ») ‐ Atlantic
Clinton suit cela de loin et met sur pieds un nouveau projet d’enfer : The Brides of Funkenstein, soit la paire de choristes Lynn Mabry / Dawn Silva (avec tout l’accoutrement nécessaire et des musiciens qui assurent…). Les deux filles, précisons-le sont passées par le backing group de Sly Stone… Ça peut aider ! Premier album de Brides of Funkenstein, septembre 1978, on s’écoute « Funk or Walk ».
6. Funkadelic : One Nation Under a Groove (« One Nation Under the Groove ») ‐ Warner Bros
Ça fait un moment que nous n’avons plus cité Funkadelic. Bien qu’il multiplie les productions, Clinton garde bien entendu ses deux groupes fétiches à l’œil. Parliament, mais aussi Funkadelic qui sort à la rentrée 1978, son dixième album déjà : « One Nation Under a Groove ». Avec, une fois encore, vous le devinez, un détournement des valeurs propres à une Amérique un peu trop pudibonde aux yeux de Clinton.
7. Parliament : One of Those Funky Thinks (« Motor Booty Affair ») ‐ Casablanca
Le Docteur Funkenstein et ses clones poursuivent de leur côté un combat incessant pour préserver l’intégrité de leur funk. L’album suivant de Parliament, « Motor-Booty Affair », sort chez Casablanca également en 1978, une année décidément faste pour Clinton. Malgré l’absence bien entendu de Glen Goins, il est rapidement certifié disque d’or aux States.
8. Funkadelic : Freak the Week (« Uncle Jam Wants You ») ‐ Warner Bros
La machine P-funk alimentée par Clinton tourne à plein régime à la fin des années septante. Outre Parlet, qui sort son second album, on assiste également à la sortie d’un album solo de Bernie Worrell, le fidèle claviériste et à la suite des aventures Brides of Funkenstein. Mais c’est à nouveau au ping-pong que l’on s’intéresse. Cette fois, la petite balle blanche se trouve dans le camp de Funkadelic. L’album de 1979 a pour nom « Uncle Jam Wants You », toujours dans l’idée qui ne le quitte pas : « One Nation Under a Groove ». Sur la pochette, un portrait qui date de 1969. On peut y voir Huey P. Newton, leader du mouvement révolutionnaire Black Panthers, assis dans un fauteuil en rotin.
9. Parliament : Theme From the Black Hole (« GloryHallaStoopid ») ‐ Casablanca
La balle passe à nouveau du côté Parliament. Avec « GloryHallStoopid » enregistré sous la pression des délais à respecter. Et il faut l’admettre, pour la première fois depuis longtemps, George Clinton se montre moins inspiré. Qui plus est, le batteur historique du P-Funk, Ramon Fulwood, décède le 27 novembre 1979, la veille de la sortie de ce septième album studio de Parliament, l’un des derniers de la grande période du groupe.
10. Zapp : More Bounce to the Ounce (« Zapp ») ‐ Warner Bros
N’ayez crainte, comme le chat, Clinton dispose de sept vies – au minimum – Si ça marche moins bien d’un côté, il va voir ailleurs ce qui peut lui rapporter des dollars. Ce félin a un flair très développé. Il dégotte ainsi les frères Troutman qu’il enregistre sous le patronyme Zapp, le surnom de leur bassiste… Devinez… Jackpot !
11. Bootsy’s Rubber Band : Jam Fan (« This Boot Is Made for Fonk-n ») ‐ Warner Bros
Fin de la troisième partie de ce feuilleton P-Funk qui vous procure je l’espère, autant de plaisir qu’à moi-même. Je pense qu’on se dirige vers 5 épisodes en tout… Ecriture en cours. En même temps que nous achevons cet épisode, on achève également les années septante. Bootsy Collins à nouveau, son quatrième album enregistré sous la bannière Bootsy’s Rubber Band : « This Boot Is Made For Fonk-n », lui aussi à acquérir en vinyle avec bande dessinée inclue dans la pochette.
La suite dans un mois !
Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)