Ledfoot : Black Valley

Ledfoot : Black Valley

TBC Records / PIAS

Il y a quelques mois, je vous avais chroniqué un cd de Ledfoot, « A Death Divine », sur lequel il était accompagné par le guitariste norvégien Ronni Le Tekro. Cette fois le guitariste américain Tim Scott McConnell, spécialiste de la douze cordes et toujours installé en Norvège, se la joue complètement en solo. Un point négatif pour commencer : la pochette ! Je veux bien que la vallée soit noire mais de là à ne presque rien voir de l’illustration, je ne pense pas que cela soit attractif d’un point de vue commercial ! Et c’est bien dommage car cet album, son cinquième, est vraiment très bon. Ledfoot nous propose dix compositions, toujours dans ce style « desert songs bluesy ». Il le nomme toujours « dark gothic blues » mais je trouve ses chansons plus proches de 16 Horsepower, de sa suite Wovenhand ou de Nick Cave, que d’un groupe de corbeaux ! Outre la douze cordes et quelques effets sur la voix, Ledfoot utilise seulement quelques accessoires comme le bootleneck, la slide ou une stomp box. Et ce dépouillement permet de mettre la voix en évidence, de révéler toute sa beauté. Car, outre le fait d’être un remarquable guitariste, il est aussi un très bon chanteur à la voix un peu grave, comme Johnny Cash. Il a composé des titres dans la tradition des fameuses « Murder Ballads » au spleen bien présent et on en revient ainsi à Cave et Cash. Les textes, proposés sur le livret, sont relativement pessimistes, parlent de fuites, de chutes, de choses négatives, en fusion évidente avec le blues déjanté proposé. Mais qu’est-ce que ces ambiances sont captivantes, on ne résiste pas à ces sons déglingués qui évoquent le désert, la poussière, le vent qui balaye des rues désertes… Ce n’est pas gai mais c’est d’une étrange beauté, malgré la noirceur des propos. Franchement, dès qu’on le pourra, que l’on nous amène cet artiste en concert dans nos contrées. En attendant, plongez-vous dans cette vallée, certes noire, et laissez-vous porter par ces dix chansons remarquables.

Claudy Jalet